Dans le dédale de la médina de Tunis et ses faubourgs, la sainteté se décline au fil des rues. Qui sont ces marabouts oubliés dont les noms vivent encore ?
Ils sont des centaines et même des milliers, les marabouts vénérés par la tradition populaire. Dans tous les quartiers du Tunis historique, des rues portent leurs noms et des voix feutrées véhiculent leur aura légendaire.
Si les grands mausolées de Sidi Mahrez, Sidi Brahim, Sidi Ben Arous ou Sidi Belhassen sont connus de tous, ce n’est pas le cas de plusieurs marabouts dont les traces sont diffuses dans le tissu urbain.
Par exemple, Sidi Boulaadam signifie Monseigneur aux œufs, Sidi Tab El Hassou veut dire Monseigneur La soupe est prête alors que Sidi Kadhay Lahouayj a pour sens Monseigneur Qui régle les affaires.
Ainsi, Sidi Boulaadham a laissé le souvenir d’un savant que les gens venaient consulter sur le seuil de sa demeure devant laquelle il vendait des œufs.
Sidi Tab El Hassou aurait été appelé ainsi car son épouse envoyait l’un de ses jeunes disciples pour le prévenir que la soupe est prête et qu’il était temps qu’il interrompe son cours.
Quant à Sidi Kadhay Lahouayj, il doit son sobriquet à tous les vœux que sa baraka permettait d’exaucer.
Tous ces saints de la tradition populaire nous invitent à des parcours entre poésie, ferveur et histoire urbaine. Il suffit d’aller à leur rencontre dans les méandres touffus de la ville.
(Photos : Hatem Bourial)