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Accueil Chroniques

Samizdat à voix basse, nue et impuissante

par Hatem Bourial
mardi 22 novembre 2022 10:16
dans Chroniques
Rivage (Slim Gomri)
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Depuis quelques années, sans les publier, j’écris des textes entre consternation et indignation. Je nomme « samizdat » chacune de ces bribes, lui accole une date et attend de nouveaux éclats de réalité pour reprendre la plume.

Pêle-mêle, je retrouve dans ces textes brefs, une colère rentrée, une tristesse au goût de spleen et une ardeur qui me taraude sans cesse. Ce courroux naît généralement face au spectacle politique et à cause de l’impuissance à peser sur l’effondrement que je ressens en permanence.

Je vous propose de découvrir quelques-uns de ces écrits. Ils ne sont pas un jardin secret que je cultiverais en silence mais un refuge qui me conforte lorsque le ciel bas et lourd pèse comme une enclume. À chacun son abri et sa littérature car, heureusement, que les mots même chuchotés, même menottés, ont le pouvoir de nous libérer ne serait-ce que provisoirement.

Parfois, il importe de trouver les mots justes pour dire son désarroi ou clamer son refus. Ces mots sont précieux parce qu’ils bâtissent un barrage contre les inquisiteurs et les tartuffes. Ces mots – comme cent et une positions désespérées sur un échiquier – dessinent des chemins de traverse, des lignes de fuite même s’ils peuvent ressembler à la danse d’un coq égorgé.

Ces mots m’habitent, me matraquent et me déshabillent. Si je les assume aujourd’hui alors qu’ils agonisaient dans un tiroir numérique, c’est parce que l’air continue à se raréfier. À bout de souffle, je parle par saccades comme secoué par une crise d’asthme. J’écris entre les lignes des mots en filigrane et parfois – comme beaucoup d’autres – je vocifère à voix basse et nue. Pythie sans Olympe, je dis ce que d’autres peuvent penser et qui me traverse aussi.

Ce recueil de samizdat, je révèle de l’intituler du titre de cette chronique. Pour rassurer les puissants et leurs avatars et pour dire aussi que je me sens aussi désarmé et puissant qu’un chrétien au temps des persécutions, dont l’abri inexpugnable est au fond de son âme. Il est des armures que même le temps n’érode pas. D’ailleurs, à bien y réfléchir, l’éternité n’est rien d’autre qu’une absence de temps.

Tous les persécutés, mêmes ceux qui souffrent en silence, finissent par se ressembler. Al Hallaj et Perpétue ont tant de points en commun. Cyprien décapité, Galilée réfuté ou Soljenitsyne au goulag sont la déclinaison d’une même mainmise. Ce samizdat est ainsi dédié à tous les esprits libres et aux victimes de toutes les répressions.

Certains s’y reconnaîtront. D’autres se souviendront que ce terme de samizdat désignait toute la littérature dissidente qui circulait sous le manteau comme celui de « dazibao » décrivait les cahiers de doléances du temps maoïste. Enfin, il est sûr que certains ne se reconnaîtront pas dans ces textes et ceux qui leur sont liés.

Je vous invite à découvrir ces deux samizdat écrits à cœur ouvert, dans des moments de lucidité ou à la frontière toujours fuyante de l’effondrement.

**********

Porte cloutée (Michel Simmi)

J’ai toujours distingué entre conviction, foi, religion, cause, idéal ou spiritualité. J’ai toujours été porté par des valeurs, un engagement, un combat et un sens que je donne à ma vie.

Je ne crois pas être seul sur ce chemin. Toutefois, sur cette route exigeante, beaucoup d’imposteurs sévissent. Lorsqu’ils le peuvent, ils instrumentalisent Dieu et le diable ou bien déplument les pigeons qui votent parce que la démocratie, c’est les élections.

Ces imposteurs, ce gang des faussaires de Dieu et de la volonté du peuple, ont les deux pieds dans le déshonneur. Ils volent l’éthique d’une révolution qu’ils ont usurpée. Demain, ils trôneront avec sous leurs fesses augustes, nos rêves équitables. Ils en feront palais du déshonneur et compromissions nouvelles.

L’histoire les rattrapera un jour. Ils n’auront de choix alors que plaider coupable. Coupables d’être le parti des menteurs sans vergogne. Coupables d’être les fossoyeurs d’une démocratie balbutiante. Coupables d’être les ennemis d’un peuple qui leur a donné sa voix et n’a récolté que mépris, arrogance, conciliabules et ententes tacites pour le dépecer.

Dans ma vie d’illusions, j’en ai écrit des dazibaos et ma promesse, c’est que demain, nos voix trahies vous enterreront. Nos vies valent mieux que vos collusions. Nos vies valent mieux que vos paradis sonnants et trébuchants. Nos vies vous toisent, bandits et orgueilleux que vous êtes.

Car, tout escrocs que vous soyez, vous le savez, vous paierez bien un jour prochain. Et alors, à la trappe, les poches pleines c’est vrai, mais les linceuls des fourbes et même ceux des bienfaisants en ont-ils ?
Le pouvoir rend ivre à en vomir. Rien que nausée pour tous sur le tombeau des démocrates et la République en lambeaux. (2019)

**********

Il faut savoir le reconnaître avec un zeste aigre-doux de résignation : nous avons écumé une ville qui n’existe plus sinon par bribes, dans nos souvenirs.

Lorsque j’arpente Tunis aujourd’hui, j’ai l’impression de remonter les allées d’un cimetière où nos vies sont enterrées derrière des façades décharnées. Et également la sensation tenace que ma ville est désormais peuplée de zombies qui errent dans une zone macabre, quadrillée, emmitouflée dans ses délires et tenaillée par l’étau de dictateurs de plus en plus ubuesques.

Je marche dans les rues de ma ville natale. A chaque fois, j’y retrouve les vrais trépassés, les faux vivants et le même carrousel des indignités qui nous taraudent à l’usure.

J’ai la bouche pleine de langues mortes et les yeux cernés d’absurdités. À demi-mots, par périphrases et l’air de rien, je continue à écrire entre les lignes des écrasements, sur le front hérissé de poubelles d’un pays défait.

Mais à l’aube, ectoplasmes médusés, silhouettes fantomatiques et mêmes âmes pétrifiées finissent toujours par renaître. C’est vrai, nous sommes des morts en sursis, flottant dans ce purgatoire paradoxal d’une ville-goule. Est-ce une ogresse qui mange ses petits ou un père qui tue ses fils pour qu’ils ne tuent jamais le père ?

Inlassable, je continue à arpenter la ville. À demi-pas, en brouillant les pistes, semant des cryptogrammes comme un petit poucet dans les ténèbres des sépultures. (2022)

Tags: nostalgieTunisie
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