Tour à tour hiératique, flamboyante et ingénue, Saliha occupe une place privilégiée aussi bien au panthéon de la Rachidia que dans la mémoire fascinée des Tunisiens.
Saliha, photographiĂ©e, peinte, multipliĂ©e… Saliha, part fragile de nous mĂŞmes, tellement entendue, mais trop peu Ă©coutĂ©e, confondue avec une ambiance rĂ©tro sans que ne se rĂ©vèle la profonde vibration d’une voix qui fait trembler.
Car Saliha était une Voix; voix ondulante avec soudain des creux profonds et chauds, des raucités saoûles. Voix chantée qui lui ouvrait le corps, dévoilant sa nudité.
Ecouter Saliha dans un chant aroubi et c’est la voix qui monte jusqu’Ă se casser, comme un corps fracturĂ©, ouvert sur ses secrets.
Saliha, de son vrai nom Salouha Ben Abdelhafidh, avait cette qualitĂ© rare d’ĂŞtre Ă©mouvante. La maladie l’emporta Ă l’âge de 44 ans mais son souvenir et son image n’ont jamais cessĂ© de se recomposer.
Née en 1914 près du Kef, elle mourut le 26 novembre 1958 à Tunis. Restent ses chansons qui pour certaines, ont leur origine au dix-huitième siècle ou dans la nuit des temps.
Les chansons de Saliha, sa voix, s’accordent Ă la mĂ©lopĂ©e du sang des origines. Et c’est tout dire…