J’ai gardĂ© tous mes livres d’histoire, depuis le plus tendre primaire, et, parfois, je les feuillette pour retrouver ces images d’Epinal qui racontaient les hauts faits du rĂ©cit national français.
Tunisien, j’ai eu une enfance et une adolescence françaises. Ainsi le voulaient les livres d’histoire, les programmes scolaires et le caractère pluriel de notre sociĂ©tĂ© du dĂ©but des annĂ©es soixante.
La Tunisie n’Ă©tait pas absente puisqu’on s’en souvient, pour le primaire, il y avait ce livre d’histoire intitulĂ© « Ifriqiya » dont l’auteure Ă©tait la fameuse madame Excoffier. Nous en reparlerons un jour…
Pour l’heure, feuilletons ce livre d’histoire et savourons le rĂ©cit de la prise de la Bastille tel que racontĂ© aux enfants: « Longtemps, très longtemps, les Français avaient aimĂ© leur roi. Mais il arriva un moment oĂą ils ne furent plus d’accord avec le roi.
– Pourquoi disaient-ils, le roi fait-il tout ce qu’il veut? Pourquoi dĂ©pense-t-il tant d’argent et nous fait-il payer de si lourds impĂ´ts? Nous voudrions ĂŞtre plus heureux et nous voudrions ĂŞtre libres.
Et le peuple de France va faire la révolution. Le 14 juillet 1789, les Parisiens attaquent le château de la Bastille.
La Bastille était un château-fort où le roi mettait ses ennemis en prison, sans jugement. Elle était défendue par huit grosses tours, deux ceintures de murailles et deux larges fossés.
Les portes furent enfoncĂ©es, et, après un combat de quelques heures, la Bastille fut prise. On chanta, on dansa. BientĂ´t l’on dĂ©molit la prison. Les Parisiens pouvaient crier leur joie: « Le roi n’est plus le maĂ®tre, les Français sont libres! »
J’ai toujours aimĂ© ces rĂ©cits, avec des illustrations pleine page et des questions d’observation et de rĂ©flexion. Je continue Ă feuilleter mon livre d’enfant, y retrouve la FĂŞte de la FĂ©dĂ©ration du 14 juillet 1790, les Volontaires de 1792, Valmy et la Marseillaise, Bara l’enfant soldat qui tomba en criant « Vive la RĂ©publique », Hoche gĂ©nĂ©ral Ă 24 ans et Marceau, tout aussi jeune, Ă la tĂŞte de leurs armĂ©es. Puis vint le temps de l’Empereur, des Trois glorieuses et de la Seconde RĂ©publique…Toutes ces pages d’histoire, ma gĂ©nĂ©ration les a connues et apprises. Et, je suis certain que notre respect pour la France – dans nos diffĂ©rences et ce qui nous rassemble aussi – provient de cet apprentissage Ă©pique qui nous a fait connaĂ®tre la France dans sa grammaire la plus intime.
Souvenez-vous: VercingĂ©torix se rendant Ă CĂ©sar, le martyre de Blandine, Clovis proclamĂ© roi et Ă©levĂ© sur le pavois, Charlemagne, Roland Ă Roncevaux, Saint-Louis rendant la justice, Jeanne d’Arc et la guerre de cent ans, Du Guesclin et Bayard puis tous les rois de France…
Que de pages d’histoire et que de souvenirs lorsque cette mĂŞme gĂ©nĂ©ration dont je parle allait chercher encore plus de « substantifique moelle » dans ces revues de tous les savoirs que furent « Tout l’Univers » ou « Je sais tout ».
La Bastille est tombĂ©e un 14 juillet! C’est ce qui importe le plus aujourd’hui! Bonne fĂŞte aux Français en ce jour de fĂŞte nationale!
Pour ma part, entre Bastille et madeleines au goĂ»t historique, je savoure l’amitiĂ© entre nos deux peuples, en feuilletant mon livre d’histoire, celui oĂą, justement, j’ai appris Ă connaitre et aimer la France, sa langue et sa quĂŞte perpĂ©tuelle de libertĂ©.
