C’est en me recueillant récemment sur la tombe de Lamine Bey que les propos que je développe ici se sont imposés à moi. Je les exprime ici au nom du simple bon sens et vous propose d’en discuter.
La Tunisie parle de réconciliation mais continue à entretenir un contentieux avec son histoire proche. A ce titre, les rapports que nous entretenons avec la mémoire de la dynastie husseinite méritent d’évoluer vers plus d’apaisement.
Cette dynastie a régné sur la Tunisie de 1705 à 1957 et plusieurs de nos monuments historiques font clairement partie de l’héritage husseinite.
Quelques gestes remarquables ont été constatés ces dernières années, notamment des places publiques dédiées à Moncef Bey et aussi l’exposition « L’éveil d’une nation » qui revenait sur la mémoire husseinite du dix-neuvième siècle.
D’autres gestes politiques et culturels sont aujourd’hui nécessaires pour décrisper le rapport à cette mémoire longtemps occultée voire carrément effacée.
On peut à cet égard évoquer la démolition pure et simple de « Ksar Tej », le palais beylical de la Marsa et plusieurs mesures léonines et vexatoires qui avaient été prises contre le monarque destitué Lamine Bey par le pouvoir républicain naissant.Il est temps aujourd’hui de tourner complètement cette page et retrouver la profondeur historique de la modernité tunisienne.
A ce titre, il serait peut-être apaisant pour notre mémoire nationale que la sépulture de Lamine Bey, dernier monarque husseinite, puisse bénéficier d’un statut qui la relie à notre mémoire collective et nous renvoyer à la véritable stature de cet homme d’Etat qui a su louvoyer avec les autorités du Protectorat français pour ouvrir la voie à l’Indépendance tunisienne.
La tombe de Lamine Bey se trouve aujourd’hui au cimetière de Sidi Abdelaziz à la Marsa et, comme le montre notre photo, deux de ses enfants sont enterrés à ses côtés, dans le même caveau.
Pour un citoyen tunisien d’aujourd’hui, cette tombe mériterait des égards nationaux et devrait être réhabilitée. Je crois que ce serait une mesure de bon sens et une porte ouverte sur une meilleure appréhension de notre histoire contemporaine.
Au-delà, ce mausolée pourrait symboliser toute notre dette à l’égard de cette dynastie dont l’apport à la modernité tunisienne est incontestable..
Ces propos sont à prendre pour ce qu’ils sont: l’expression du sentiment d’un Tunisien, républicain et moderniste qui milite pour une relation apaisée avec notre histoire contemporaine.