Dans le Tunis des années soixante, l’actuelle avenue Mohamed V avait l’allure d’une clé des champs ouvrant sur les berges du lac et le quartier du Belvédère.
Jusqu’à une date récente, l’avenue Mohamed V portait le nom de Léon Gambetta, un politicien français du dix-neuvième siècle qui fut l’un des présidents du Conseil des ministres sous la Troisième République.
Mais qui se souciait de savoir qui était véritablement Gambetta, dont le nom à Tunis, rimait avec grands espaces en friche, sur les berges du lac.
Toute la zone qui allait jusqu’au Belvédère, était nommée Gambetta et tout un chapelet de terrains parfois marécageux s’étendait sur cette avenue aux palmiers.
Gambetta, c’était là que les troupes alliées avaient campé à la libération de Tunis en mai 1943. Gambetta, c’était là où les grands cirques plaçaient leurs chapiteaux.
Gambetta, c’était aussi le palais de la foire qui, entre deux salons internationaux, devenait une arène sportive pour le hand, le volley et le basket.
Gambetta, c’était enfin le paradis des footballeurs de quartier qui venaient pousser le ballon dans l’immensité des terrains vagues.
Aujourd’hui, entre l’église orthodoxe, la Banque centrale et la Cité de la culture, cette avenue s’est beaucoup modernisé par rapport aux années soixante lorsqu’elle se trouvait en quelque sorte, au bout de la ville.
Que reste-t-il du Gambetta d’antan ? Seulement le nom d’un quartier voisin de Madagascar et la Petite Sicile, deux autres de la bien nommée Tunis-Marine.