Certaines photos ont un puissant pouvoir d’évocation et il suffit d’un regard pour qu’elles vous fassent d’une certaine manière revivre.
Je n’ai jamais connu ce magasin qui se trouvait au tout début de l’actuelle rue Charles de Gaulle.
A l’époque, on disait rue d’Italie et cette boutique se trouvait au numéro deux, ce qui rend l’identification de son emplacement des plus faciles.
On y vendait des dattes fraîches ou farcies, de la variété degla aussi. Fondée en 1894, la maison se chargeait en outre des expéditions par colis postal.
Je n’ai jamais eu connaissance de cette maison dont le sieur Zeitoun était le maître des lieux. Il se trouve d’ailleurs aux premières loges, debout sur le seuil de son magasin, comme le voulait la tradition publicitaire de l’époque.
La photo me renvoie personnellement aux vitrines du Magasin général durant la saison des dattes et aussi à l’épicerie fine Jazy qui se trouvait à la rue du Portugal.
Bien sûr, pour voir les héritiers du sieur Zeitoun, il suffit de se rendre à la rue du Danemark pour y retrouver tous les produits que lui-même avait vendu. C’est là que se trouvent aujourd’hui les négociants en dattes et fruits secs.
Je disais que la photo ci-dessus a une forte puissance d’évocation. Son côté immobile me fait penser à certaines mosaïques du Bardo où le propriétaire d’une villa se faisait représenter sur l’œuvre qu’il commandait.
Cette photo est belle et paradoxale. Pour ce qu’elle immortalise. Pour chacun des personnages qui y figurent et aussi pour la beauté plastique du document qui date du début du vingtième siècle.