Connaissez-vous la route du marbre? Elle se trouve dans le nord-ouest de la Tunisie et relie Chemtou Ă Tabarka.
MĂ©moire d’Hadrien, de Thabraca et Simithus
Ce serait l’empereur Hadrien qui en aurait ordonnĂ© la construction pour le transport des marbres de Chemtou Ă destination de Rome via l’antique Tabarka.
L’antique Thabraca Ă©tait en effet le port d’oĂą Ă©taient exportĂ©s les blĂ©s de BĂ©ja, le bois et les fauves des forĂŞts de Khroumirie ainsi que le marbre de Chemtou. Après avoir fait du cabotage jusqu’Ă Carthage, les vaisseaux ainsi chargĂ©s pouvaient prendre leur essor vers l’Italie.
Avant cela, de lourds chariots transportaient le précieux marbre à travers les denses forêts de Khroumirie vers le port.
Le mythique marmor numidicum
Sous les Romains, Chemtou portrait le nom de Simithus. Cette ville Ă©tait alors surnommĂ©e la montagne de marbre. Et c’est dans les flancs de cette montagne que l’on extrayait le fameux « marmor numidicum » des anciens.Ce marbre jaune de Chemtou, aux nuances Ă nulles autres pareilles, est de nos jours nommĂ© « giallo antico » en Italie. Comme une rĂ©miniscence de cette Ă©poque oĂą la couleur pâle de ce marbre en faisait un matĂ©riau des plus prisĂ©s Ă Rome.
Origines numides et carrière impériale
De fondation numide, Chemtou est connue pour son marbre depuis le règne de Miscipa, prince berbère à son apogée au IIème siècle avant J-C.
Ensuite, les Romains firent des carrières de marbre une propriété impériale et dessinèrent cette route qui traverse des zones montagneuses.
Une route deux fois millénaire
Pour rejoindre Tabarka, il fallait passer par Bulla Regia, Ain Berber et Oued Ghezala, un affluent de Oued Bouhertma, l’Armascla des anciens.
Ensuite, on rejoignait Sidi Dhwiw et le domaine de Cheikh el Arbi, non loin de Fernana et ses chênes séculaires.
Des ruines encore inexplorées
Très secrète, cette route recèle encore des ruines romaines inexplorĂ©es. Comme ces vestiges de maison qui marquent un gĂ®te d’Ă©tape Ă Henchir Eddamouss. Comme les restes d’un amphithéâtre et d’un arc de triomphe Ă Ain Bouhaja. Comme les ruines Ă©parses de Ain Charchara. Comme la borne militaire d’El Merij.
Le second gĂ®te d’Ă©tape sur cette route du marbre se trouve non loin de Borj el Hamam, ce lieu que PtolĂ©mĂ©e appelait Aquae calidae pour sa source d’eau chaude.
Pour l’histoire, le marbre de Chemtou Ă©tait, selon la tradition, jaune comme tachĂ© de safran. Les Romains l’utilisaient pour orner les monuments publics.
De Rome Ă Constantinople
La première colonne de marbre de Chemtou fut dressĂ©e Ă Rome dans le forum Ă l’Ă©poque de CĂ©sar. Hadrien utilisait le Chemtou pour ses villas de Tivoli et Antium. On en trouve mĂŞme dans les murs de Sainte-Sophie, le monument bâti par Justinien Ă Constantinople.
Remise Ă l’honneur Ă la fin du dix-neuvième siècle, Chemtou se souvient de cet âge d’or et de cette route, deux fois millĂ©naire, qui traverse les forĂŞts de Khroumirie oĂą le dernier lion n’a Ă©tĂ© tuĂ© qu’en 1891.
H.B.
