Allons-nous compromettre une chance historique inouïe ? Allons-nous défaire tout ce que le pays a construit en cinquante ans à cause des ambitions des uns, de la myopie des autres et de l’esprit revanchard des plus bruyants?
Je continue à chercher vainement ce que proposent tous ces nouveaux partis. Que nous propose-t-on ? Pas grand chose sinon des lieux communs, des incantations, des vociférations et du verbiage…
Hormis cela, toujours rien à signaler, sinon une volonté de paralyser autant que possible les institutions comme y pousse l’alliance objective entre les extrémismes et les dérisoires légitimistes de soi-même.
C’est tout de même hallucinant: plus de cinquante ans d’opposition n’ont pas permis de définir un véritable projet, une quelconque alternative, un possible dessein.
Un pied dans l’absurde et l’autre dans la tombe, je regarde autour de moi et ce que je vois n’est que poujadisme triomphant.
Alors que nous avons la main tendue à tout vent, nous osons affirmer parler d’égal à égal avec les grandes puissances.
Alors que notre système éducatif continue à s’effondrer tout en délivrant des diplômes au rabais, nous osons parler d’un peuple éduqué.
Alors que l’incompétence et la mauvaise foi s’érigent en système, nous nous gargarisons du mot « dignité ».
Il vaudrait mieux une fois pour toutes nous regarder en face, nous jauger dans un miroir, y mesurer l’insoutenable de nos reflets lâches, menteurs et blafards.
Pourquoi fuyons-nous la nécessaire autocritique ? Pourquoi ce retournement de veste national n’a-t-il suscité aucune inquiétude quant à notre éthique ?
Pourquoi ne nous voyons-nous pas comme nous sommes réellement ?
Ces questions me sont douloureuses. Elles me taraudent littéralement car les esquiver ne mène nulle part.
Serions-nous devenus, par un coup de baguette magique ou une toujours possible intervention du saint-esprit version locale, radicalement différents de ce que nous étions ?
Un grand soir aura-t-il suffi pour nous absoudre de tous nos silences ? Qu’allons nous faire de cette liberté conquise en notre nom lorsque deux cents partis s’emparent de la légitimité révolutionnaire encore une fois en notre nom ?
Allons-nous continuer à mettre notre énergie dans un sprint échevelé ou bien nous préparer aux rigueurs d’un marathon ?
Le temps nous dira bientôt qui de la patience des tortues ou de la vivacité des lièvres aura le dernier mot…
HB