Ces deux termes sont siamois et ils surgissent toujours avec la même interpellation. Êtes-vous « sayem » ou bien « fater » ? Autrement dit, pratiquez-vous la discipline du jeûne ou bien préférez-vous manger ?
Ensuite, tout est question d’appréciation. Car certains qui sont « sayem », jeûnent dans la sobriété et la frugalité alors que d’autres attendent le crépuscule pour se lancer dans une ripaille sans fin.
Pour ceux qui sont « fater », les uns rasent les murs et cultivent la discrétion alors que d’autres clament haut et fort leur choix de se sustenter.
Mais, au fond, peu importent les attitudes de chacun. Même si le pays entier se met sur le mode « sayem » et vit selon les rythmes de Ramadan, jeûner ou pas demeure une question d’ordre personnel.
Seuls nos ancêtres dans leur proverbiale sagesse, connaissaient la méthode inouïe qui permettait de jeûner tout en mangeant. Ils l’enseignaient aux enfants trop fragiles pour supporter les rigueurs du jeûne mais qui prétendaient en être capables.
Cette technique était toute simple puisqu’il s’agissait de ne jeûner que d’un seul côté de sa mâchoire.
« Fater » ou « sayem » ? Que de fois n’a-t-on posé cette question qui, en filigrane, laisse à chacun sa liberté mais procède de l’indiscrétion la plus élémentaire. Toutefois, les réponses à cette intrusion qui ne dit pas son nom, peuvent être à la fois savoureuses, évasives ou militantes.
Pour ma part, je ne réponds jamais à cette question. Ou plutôt, pour être précis, je réponds toujours que c’est une question qui ne se pose pas. Ce qui a le don de laisser mes interlocuteurs sur leur faim.