Chaque année, les Tunisiens ont la chance de célébrer le Nouvel an à quatre reprises. Et ils ne s’en privent pas. Et pourquoi pas cinq d’ailleurs ! Car si nous comptions aussi les célébrations de l’année orthodoxe, il faudrait ajouter une autre fête.
Ne les oublions pas, les épouses slaves et russes orthodoxes de nombreux compatriotes, ont adopté la nationalité tunisienne et comptent autant que chaque autre citoyen de notre pays. Et pourquoi pas six d’ailleurs !
Car nous pourrions invoquer la présence désormais séculaire de la communauté bahaie. Ses membres fêtent Nawrouz, le Nouvel an bahai, autour du 21 mars. Tunisiens comme vous et moi, les bahais dans un geste très inclusif, associent tous ceux qui le souhaitent, à cette célébration.
Autrement, et de manière plus classique, les Tunisiens fêtent quatre fois la nouvelle année selon des traditions différentes et convergentes. Le 1er janvier est célébré comme il se doit et commémore l’année grégorienne et le calendrier civil universel.
Le 14 janvier, nous fêtons l’année agraire qui se décline selon le calendrier julien et s’apparente aussi à la tradition amazigh. Le Jour de l’an hégirien nous relie à la tradition musulmane alors que Rosh Hachana nous renvoie à la tradition juive, celle de la deuxième communauté religieuse de Tunisie.
Avec ces quatre jours qui ouvrent chacun une nouvelle année, nous soulignons bien le caractère pluriel et immémorial de nos traditions. À chaque fête ses coutumes et ses rituels qui vont du couscous au champagne en passant par la verte mloukhia de nos années toujours vertes.
Cette diversité tunisienne est aussi à l’œuvre dans nos familles métissées. Je suis toujours ému par le fait que nous ayons de si nombreuses langues maternelles. De la langue tunisienne à l’hébreu, de l’arabe au français, nous parlons un arc-en-ciel de langues et lorsque nos mères sont japonaises, philippines, tchèques ou polonaises, ce sont aussi ces idiomes qui sont nôtres.
Dès lors, au jour de l’An et à chacun des jours consacrés festifs, saluons notre diversité et bien sûr, échangeons nos vœux d’usage. Et surtout, ne l’oublions jamais, chaque individu est unique, chaque être compte, chaque mère et chaque enfant sont la continuité de notre pays.
Où que vous soyez, bonne année à tous les Tunisiens. Fussent-ils nés dans une autre nationalité, leur socle reste à jamais tunisien, leur terroir situé quelque part entre les flots de la Medjerda et les dunes du Sahara et leur souche plurielle déployée entre trois mille ans d’histoire et un millier de kilomètres de côtes.