Hier, vers 19h, la deuxième chaine de notre télévision nationale a diffusé un reportage véhiculant des images et des propos terribles. De jeunes Tunisiens émigrés en Libye ont parlé en termes clairs de tortures et d’exécutions sommaires dont certains d’entre eux ont été victimes.
Tous les intervenants ont évoqué des faits extrêmement graves et ont déploré l’absence de réaction des diplomates tunisiens se trouvant sur place. Le reportage a été diffusé dans le cadre du téléjournal, ce qui lui donne une authentification indiscutable.
Qu’en est-il vraiment ? Qu’en est-il de ces allégations ? Les Tunisiens ont-ils effectivement subi les exactions décrites dans ce reportage ?
Cette nouvelle affaire surgit alors que de nombreuses Tunisiennes ont subi, en Syrie, l’enfer d’une prostitution voulue par des fous de Dieu devenus de criminels proxénètes halal.
Il faut dire que les Tunisiens d’aujourd’hui n’ont plus l’image qu’ils avaient hier encore.
Il faut dire que par les temps qui courent, la peau d’une Tunisienne ou d’un Tunisien ne vaut plus très cher. Dès les lendemains de Janvier 2011, nous avons vu l’hécatombe de jeunes dans les eaux profondes de Lampedusa Beach alors que longtemps après le suicide de Bouazizi, les immolations par le feu restent d’actualité.
Nous avons vu ces dernières années les vies de nos concitoyens devenir absolument relatives : morts violentes et traumatismes profonds ne choquent presque plus. Souvenez-vous des belles de nuit défenestrées, des leaders politiques abattus ou d’autres encore comme tel imam ou tel commissaire.
Si ces crimes horribles suscitent l’indignation, ils se sont aussi extrêmement banalisés. J’en veux pour autre argument le silence qui est très vite retombé après le massacre de nos soldats au Chaambi et le fait que les maquis terroristes sont devenus en quelque sorte un élément du décor.
Evoquons aussi la Syrie où beaucoup de nos jeunes sont allés se faire massacrer au nom d’un idéal factice. Ils seraient des milliers à avoir été gravement manipulés et envoyés, au nom du fondamentalisme, pour servir de chair à canon pour les uns et de chair à plaisir pour les autres.
Décidément, on achève bien les Tunisiens même si nous avions depuis longtemps conquis notre dignité d’individus libres et égaux en droits, aujourd’hui remise en question au nom d’une autre idée de la dignité.