Par ce temps froid, certains commerces connaissent une véritable ruée des gourmands qui cherchent à se réchauffer. C’est le cas au centre-ville de Tunis et dans plusieurs quartiers comme par exemple Bab Djedid.
Le lablabi et les soupes en tous genres ont bien sûr leurs adeptes. Toutefois, ceux qui préfèrent une touche sucrée optent plutôt pour le sohlob.
Le sohlobgi veille aux grains. Devant son récipient, avec une grosse louche, il puise la bouillie de sorgho et la répartit dans des bols en poterie vernissée.
Fumante, la bouillie est toute en arômes, agrémentée d’amandes, de graines de sésame et de halwa.
De couleur grise, sa texture est épaisse à l’image des nourritures qui réchauffent et tiennent au corps.
Le sohlobgi dont le nom fleure bon la mémoire ottomane, se prénomme Mounir. De bon matin, il est au four et au moulin, attentif à tout alors que le droo mijote à petit feu. Sa journée se termine assez tôt, autour de neuf heures.
Ensuite, il quitte son échoppe de la rue Mokhtar Attia pour le Bab Souika où il réside.
A l’origine rituel matinal, le droo saupoudré de gingembre se dégustait dans de nombreux restaurants de fortune. Il a fallu la touche d’Ahmed Oueld Ebba pour dépoussiérer le sohlob de papa et passer en mode jerk.
Asa manière, Mounir perpétue la tradition et la cultive. Sait-il qu’il est désormais l’unique sohlobgi du centre-ville ?