Chaque tradition est porteuse de rĂ©cits mythiques et de coutumes vivaces. C’est le cas par exemple Ă Kairouan oĂą l’on raconte volontiers que c’est une certaine Kemla Chaouch, fille d’un gouverneur, qui initia la confection des tapis nouĂ©s.
De même, dans plusieurs régions où la tradition des textiles est bien ancrée, on rencontre ce type de récits de fondation, aussi bien à Jerba, Ksar Hellal ou Moknine.
Les régions du Sahel sont par ailleurs réputées pour leur longue tradition textile qui, de nos jours, perdure et prend les formes les plus diverses.
Le tissage du coton, de la laine et de la soie continue dans ces rĂ©gions oĂą l’on créé des « ksayas » et « mouchtias » aux motifs gĂ©omĂ©triques et aux teintures vĂ©gĂ©tales.
A Jebiniana, une citĂ© dont la fondation par les Aghlabides remonterait au neuvième siècle, on raconte ainsi une lĂ©gende Ă propos d’une sainte femme nommĂ©e Sett Enfessa.
Cette femme serait, dit-on, celle qui aurait fabriqué les premières « mouchtias », les fameux châles tissés si typiques de la région.
De nos jours encore, les filles de Jebiniana vont se recueillir sur la tombe de Sett Enfessa qui, pense-t-on, déciderait de leur vocation de tisserande.
Une coutume existe en effet selon laquelle on doit d’abord enterrer des oeufs, ensuite sacrifier un chevreau puis se recueillir toute une nuit auprès de la tombe de la sainte femme.
Le lendemain, on part Ă la recherche des Ĺ“ufs enterrĂ©s la veille. S’ils sont retrouvĂ©s, cela signifie que la jeune fille sera une bonne tisseuse mais s’ils ont disparu, cela voudrait dire que la jeune fille n’a pas de vocation pour le mĂ©tier Ă tisser.
Cette coutume reste fort suivie et le recours aux augures de Sett Enfessa demeure un usage propitiatoire des plus répandus dans la région de Jebiniana.
