Depuis le 8 avril, Jazz Ă Carthage by Ooredoo est en train de dĂ©montrer qu’il est bien l’unique et plus important festival de musique jazz contemporaine dans notre paysage culturel.
La persévérance de Mourad Mathari
Avec un plateau de choix qui laisse la part belle aux dĂ©couvertes et Ă l’inattendu, ce festival n’investit pas sur les vedettes mais sur des formations et des artistes novateurs qui, quasiment Ă chaque fois, se sont avĂ©rĂ©s de vĂ©ritables pĂ©pites.
Il y a bien entendu le flair de Mourad Mathari, fondateur et animateur de ce festival ; un homme dont l’expĂ©rience est dĂ©terminante dans le succès de cette manifestation. Il y a Ă©galement et il faut le souligner, le soutien dĂ©cisif de Ooredoo qui donne Ă ce festival l’envergure qu’il mĂ©rite.
Une mention également aux autres soutiens du festival et à la toujours prévenante et dynamique Jihène Turki qui donne à la communication de ce festival toute sa mesure.
Toutes les couleurs du jazz
Une première remarque s’impose après six jours de festival, autrement dit Ă quelques encablures du feu d’artifice final : tous les artistes sont au top et porteurs d’une grande diversitĂ©.
A chaque soirĂ©e ses couleurs, sans l’effet de monotonie d’un mĂŞme style musical dominant. C’est tout le jazz qui est sur scène, aussi pur et aussi sublimement bâtard que son Ă©cheveau d’influences.
Un monde sĂ©pare en effet Charlie Winston et les Suisses du Hillbilly Moon Explosion ou encore les Italiens de Tosca et l’AmĂ©ricain Terence Blanchard. Pourtant, tous se sont succĂ©dĂ©s sur la mĂŞme scène, Ă l’enseigne d’un jazz ouvert et pluriel.
La scène jazz pop tunisienne se porte bien
Seconde remarque : les Tunisiens étaient bien présents et, surtout, convaincants. Que ce soit avec Amel Cherif ou Omar el Ouaer, la musique était finement ciselée et donnait une belle impression de la scène jazz pop tunisienne.
Affirmons le sans fausse modestie, les Tunisiens n’ont pas fait de la figuration et ont pleinement donnĂ© le ton et son sillage de succès au festival.
Une troisième remarque enfin. Cette onzième Ă©dition de Jazz Ă Carthage by Ooreddo a eu un autre acteur essentiel qui n’est autre que le public qui donnait Ă la sale Carthage de Thalasso Resort des allures de club jazz Ă la fois intimiste et rugissant.
Un public superbe, un alliage précieux
Il faut avoir connu les clubs de Chicago ou Paris pour avoir une Ă©chelle de comparaison. En effet, la proximitĂ© des musiciens du public, la taille suffisamment grande tout en restant relativement intimiste de l’auditorium se conjuguaient pour que l’Ă©nergie du jazz circule, se multiplie.
Un public superbe ! Un alliage précieux entre puristes de tous ages, bonifié par la diversité internationale des présents. De fait, session après session, ce festival a constitué puis fidélisé un public pour le jazz.
Et, je vous assure, on n’Ă©tait pas loin des ambiances de Montreux ou d’Antibes, avec une salle qui rugissait de plaisir et des musiciens boostĂ©s par la complicitĂ© active et sereine d’un public pas comme les autres.
Enfin, un vrai festival !
Je ne sais pas s’il existe des Ă©quivalents maghrĂ©bins Ă ce festival mais, force est de reconnaitre que Mourad Mathari est parvenu Ă consolider une manifestation de rĂ©fĂ©rence, un festival dans toute la logique et la rigueur du terme, c’est Ă dire une manifestation qui rĂ©pond Ă un dessein artistique bien prĂ©cis et non pas Ă un fourre-tout sur lequel rĂ©gnerait un regrettable esprit d’improvisation.
Ceci dit, les musiciens, eux, ont pu improviser Ă leur guise, profiter de la soliditĂ© des sections rythmiques pour aligner des solos aĂ©riens Ă la guitare ou aux claviers, rĂ©pondre aussi et mĂŞme anticiper les dĂ©sirs d’un public aussi complice que connaisseur.
Quand le jazz est lĂ
Les belles soirĂ©es de Jazz Ă Carthage by Ooredoo se poursuivent jusqu’Ă demain. Une Ă©chappĂ©e belle avec boussole musicale qui nous rĂ©concilie avec les festivals. Et de toutes les manières, quand le jazz est lĂ , la musique ne ment pas !
H.B.
