C’est aussi une transparence et une lucidité exigeantes que Gilbert Naccache nous laisse en héritage.
Homme de cristal, il a mené tant de combats et toujours vécu en militant irréductible. Les activistes véritables ont cette fragilité cristalline dont le moteur n’est autre que le doute dialectique. Ils ont aussi en eux tous les tintements et les éblouissements que sont les combats qu’on mène à bon port.
Avec Gilbert Naccache, dont son récit « Cristal » restera l’indéniable chef-d’œuvre, nous avons parcouru une partie des années quatre-vingt à militer pour le livre tunisien. Lui animait Salammbo éditions et moi Parenthèses éditions et nous nous retrouvions presque chaque jeudi au Club Tahar Haddad pour imaginer une édition alternative. Je garde de cette époque l’écho de débats très vifs et d’échanges intellectuels sans concessions. Toujours dans le respect le plus absolu quelque soient les désaccords.
Comme tous ses nombreux amis, proches et lointains, j’ai reçu avec tristesse la nouvelle de la disparition de celui que tous appelaient Papy et appréciaient hautement les qualités.
Gilbert Naccache a vécu en grand, en conscience souvent intransigeante et toujours dans la plénitude des combats. À l’âge de 81 ans, il a toujours gardé intacte sa verve et cette faconde qui faisaient de lui un interlocuteur si motivant.
Après sa disparition, nous serons tous orphelins d’un repère authentique car inébranlable. Mais, Gilbert Naccache nous a aussi appris la résilience et le souffle.
Honorons aujourd’hui sa vie de militant et demain qu’il demeure la lueur contre le vent qu’il fut de son vivant.