Voici une histoire qui illustre bien le flou artistique qui entoure certaines pratiques bancaires qui n’osent pas dire leur nom. Cette mésaventure est arrivée récemment à un honnête citoyen qui n’en croyait pas ses yeux ni ses oreilles.
Touhami, la soixantaine, honnête et solvable
Tout a commencé lorsque ce maudit réfrigérateur est tombé en panne… Panne sèche, insoluble, définitive ! Il fallait faire vite car en plein mois d’août, il est difficile de s’en sortir sans frigo. C’est ainsi que monsieur Touhami s’est retrouvé dans une grande surface pour acheter son nouveau frigo à crédit, selon ses moyens et en fonction de son budget.
Les démarches furent des plus faciles et le crédit lui fut verbalement accordé très vite. En effet, après vérification par le bureau de crédit de la grande surface, il est apparu que Touhami n’était plombé par aucun crédit et que sa solvabilité était claire et nette.
Malheureusement, il y allait avoir un hic. Le lendemain, la grande surface lui demanda de contacter sa banque pour affaire le concernant. Surpris, sans savoir de quoi il s’agissait, Touhami alla donc voir son banquier du secteur public. Il expliqua sa situation et tout alla pour le mieux. Son banquier lui proposa même de lui accorder un crédit sur la base de son salaire versé mensuellement sur son compte.
Une « dette » de 3900 dinars
Touhami n’y comprenait plus rien et demanda à son interlocuteur le pourquoi de la démarche qu’on lui faisait faire. C’est alors, après s’être rendu à la banque centrale, que le pot aux roses fut découvert…
Touhami devait 3900 dinars à une autre banque du secteur privé. Notre gars tombait des nues… En effet, il avait dans le temps eu un autre compte dans une agence du centre-ville et il était sûr d’avoir clôturé ce compte depuis une quinzaine d’années.
Pourtant, ce n’était pas le cas! Le compte n’avait pas été soldé par la banque et les agios et autres frais de tenue de compte s’étaient accumulés jusqu’à atteindre la somme astronomique de 3900 dinars. Et, pendant une quinzaine d’années, aucun avis de débit, absolument aucun, n’avait été adressé au client absent.
L’agent de la banque centrale suggéra à notre gars d’aller « marchander » avec la banque privée afin d’obtenir une réduction sur la somme due, expliquant que c’était une pratique courante.
Seulement, Touhami ne l’entendait pas de cette oreille et, de toute façon ne possédait pas cette somme qui représentait plus d’un semestre de salaire. Il alla donc à cette banque pour exhaler sa rancœur. A sa grande surprise, le banquier (qui avait commis la double faute de ne pas avoir clôturé le compte et de ne pas avoir pris contact avec son client) fut tout sourire et lui proposa tout de go de solder l’affaire à 1000 dinars seulement.
Pas de frigo pour Touhami
Touhami ressentit en son for intérieur qu’il se faisait couillonner, gruger et rouler dans la farine et ne fit rien, considérant cette « dette » comme fallacieuse, léonine et illégitime. N’osant pas par pudeur afficher son histoire et sachant qu’il n’était qu’une poussière face à la puissance des banques, Touhami a pris la résolution de se battre pour retrouver son honneur souillé par le fait d’autrui et effacer cette dette qui n’en est pas une.
Il se croyait blanc comme neige mais on l’avait sali dans son dos. Pas de frigo pour Touhami… Il ne revint pas à la grande surface, il ne contracta pas de crédit auprès de son banquier du secteur public, il se passa de frigidaire avant de tomber sur une occasion dans ses moyens.
Désormais, puisqu’il est pris en otage par l’incurie cupide d’un système qui écrase ses clients, il se battra… Avis à l’organisation de Défense du consommateur ! Avis aussi au public pour ne pas se faire prendre au piège de ces « erreurs » bancaires qui tournent toujours à la défaveur du client.
Un gogo à plumer…
Quant à Touhami, il ne paiera pas. Et de toute façon, qui, parmi les travailleurs qui vivent à crédit, pourrait se permettre de payer pareille somme pour les agios et la tenue d’un compte inactif.
Enfin, comment ne pas souligner qu’il est d’usage dans toutes les banques de la place de clôturer un compte vide que le client n’utilise pas pour une année ? Que se passe-t-il dès lors dans cette agence qui semble avoir flairé un gogo à plumer ?
Souhaitons que cette antenne réputée d’une honorable banque fasse amende honorable et éponge cette fausse dette qui empoisonne la vie d’un citoyen tout aussi honorable et n’ayant aucun passif ni incident bancaire à près de soixante ans… A bon entendeur, salut…
Hatem Bourial