La petite histoire raconte que c’est Bourguiba en personne qui aurait décidé de la démolition de Dar Al Tej, le palais husseinite de la Marsa.
Le premier président de la République tunisienne, tout en s’attaquant à un symbole de la dynastie déchue, aurait voulu effacer la trace du palais où, dans le prolongement du Protectorat français, avait été signée la convention de la Marsa le 6 juin 1883.
De fait, la Marsa avait à l’époque connu de vastes chantiers qui, tout en modernisant le tissu urbain, avaient fait disparaître à jamais l’héritage des beys, notamment ce palais de Dar Al Tej, devenu la résidence des souverains husseinites, après la disparition de Sadok Bey.
En effet, Ali Bey, le troisième du nom, et Naceur Bey feront de ce palais leur résidence principale et de la Marsa le lieu de prédilection des notables de leur époque.
Construit par Mahmoud Bey au début du dix-neuvième siècle, Dar Al Tej a été édifié sur une ancienne demeure de l’époque hafside.
Modernisé et rénové en profondeur par Mohamed Bey, ce palais connut une nouvelle vie à partir de 1855. Pour l’anecdote, ce seront plusieurs éléments du palais de la Mohammedia qui seront transférés ici pour embellir l’édifice.
Marquée par de nettes influences européennes, l’architecture des lieux sera représentative de celle des palais et grandes demeures du dix-neuvième siècle.
Malheureusement, il ne subsiste de Dar Al Tej que de rares cartes postales et photos d’époque. Livré au pic des démolisseurs, le palais a en effet laissé sa place à une cité résidentielle qui fait face à Ksar Essaada, devenu l’hôtel de ville de la Marsa.
Fallait-il démolir ce palais et effacer ainsi une trace historique ? Le débat continue de nos jours encore, avec les pour et les contre qui rivalisent d’arguments.
Il n’en reste pas moins que la disparition de ce palais a fait perdre à la Marsa un lieu de mémoire essentiel qui aurait pu abriter de nos jours un musée husseinite ou un centre culturel.