Rares sont ceux qui le savent: nous devons cette cage si caractĂ©ristique de l’artisanat tunisien Ă Said Samouda, un artisan de la mĂ©dina de Tunis qui en dessina le premier modèle autour de 1850.
Depuis, et pendant près d’un siècle, la saga de cette famille s’est confondue avec cet objet aux contours si fins dont la production et la diffusion seront assurĂ©es par les descendants du patriarche des Samouda.
PassionnĂ© de gĂ©nĂ©alogie et d’histoire, Moez Hanachi a entrepris de raconter l’histoire de cette cage que l’on voit dĂ©sormais partout en Tunisie et ailleurs, cette cage exhibĂ©e par les manifestants de janvier 2011 Ă Tunis.
Ainsi, nous apprend Moez Hanachi, c’est Mohamed Samouda (le fils de Said) qui reprit Ă son compte la fameuse cage. NĂ© en 1879, Mohamed Samouda passera ensuite la main Ă son fils Azouz, nĂ© en 1905.
C’est ce dernier qui allait donner Ă ces cages un irrĂ©sistible Ă©lan. InstallĂ© Ă Sidi Bou Said, Azouz Samouda allait en effet populariser ces cages nĂ©es de l’audace de son grand-père et leur donner une image de marque qui se confond avec celle de l’artisanat tunisien.
Désormais désignées sous le nom de cages de Sidi Bou Said, les précieux objets allaient être exportés tous azimuts et copiés un peu partout dans le monde.
N’ayant jamais brevetĂ© ces cages, la famille Samouda vit ainsi d’autres s’approprier l’invention du patriarche et la propriĂ©tĂ© morale lui Ă©chapper.
Pourtant, les Samouda ne mĂ©riteraient-ils pas un hommage, par exemple l’institution d’un prix qui porte le nom de Said, Mohamed et Azouz Samouda ?
Comme les Chemla pour la poterie, les Samouda appartiennent Ă une famille d’artisans (qui ont fait prospĂ©rer le commerce tunisien) comme il en existe des dizaines.
Ces familles – ancĂŞtres et hĂ©ritiers – mĂ©ritent notre reconnaissance et notre hommage. Telle chechia, telle boiserie ou tel motif ont en gĂ©nĂ©ral un inventeur, un initiateur, trop souvent oubliĂ©.
Il est vrai que les artisans ne signent pas leurs Ĺ“uvres. Toutefois, lorsqu’ils innovent, ils mĂ©ritent la postĂ©ritĂ© plutĂ´t que l’oubli et l’anonymat.
