La haine la plus abjecte et la violence la plus grégaire émanent de cette photo découverte sur le fil du web.
Cette photographie qui en dit long sur les fantasmes rĂ©visionnistes des islamistes qui se disent plutĂ´t modĂ©rĂ©s se trouve sur la page de celle qui s’offre en spectacle, dans un geste symboliquement meurtrier.
Cette dame dĂ»ment voilĂ©e prĂ©tend ainsi Ă©gorger un Bourguiba statufiĂ©. Avec ce geste d’une dĂ©bilitĂ© profonde, ne voit-elle pas qu’elle insulte la mĂ©moire de nos soldats cruellement assassinĂ©s par des terroristes d’une engeance inqualifiable?
Ne sait-elle pas qu’elle va Ă l’encontre des lois en s’exhibant de la sorte, un couteau virtuel dans les mains ? Ne rĂ©alise-t-elle pas qu’elle heurte la sensibilitĂ© de millions de Tunisiens qui ne se reconnaissent pas dans cet esprit de vengeance et cette haine de la modernitĂ© tunisienne.
Des gestes de la sorte dĂ©montrent bien les clivages qui traversent notre sociĂ©tĂ© et la capacitĂ© de passer Ă l’acte de certains Tunisiens que la violence ne rebute pas.
A mes yeux, en Ă©gorgeant ce Bourguiba pĂ©trifiĂ©, ce sont beaucoup de vivants qu’elle menace d’exĂ©cutions sommaires dans un geste criminel dont elle ne soupçonne peut-ĂŞtre pas l’extrĂŞme violence.
Acte délibéré, publication froidement calculé par une anonyme qui se présente en apologue de la violence et du terrorisme.
Comment se taire face Ă pareilles menaces ? Comment faire confiance aux discours lĂ©nifiants des uns lorsque le refoulĂ© surgit symboliquement au dĂ©tour d’une photo (dĂ©busquĂ©e sur le net par un intellectuel universitaire de renom et postĂ©e depuis).
Terrible attitude qui est aux antipodes d’une Khaoula Rachdi dĂ©fendant le drapeau tunisien contre un salafiste violent.
Autant je me sens proche du geste de Khaoula, autant je me distancie de celui de cette inconnue (qui le restera car nous avons choisi de flouter son visage).
Malheureusement pour nous, combien sont-ils et sont-elles Ă se reconnaĂ®tre dans cette Ă©gorgeuse de statues, cette iconoclaste qui, d’un seul geste, anĂ©antit tout dĂ©bat, tout consensus, toute cohabitation, toute volontĂ© de compromis entre deux Tunisie, l’une pacifique et l’autre toujours tentĂ©e par l’irrĂ©mĂ©diable ?
