Au nord de la mĂ©dina de Sousse, le Ribat est l’un des monuments historiques les plus visitĂ©s de la Perle du Sahel. Sobre, Ă©lancĂ© et hiĂ©ratique, cet Ă©difice domine les environs grĂące Ă la cĂ©lĂšbre tour Khalef.
Le patrimoine vibre de tous les imaginaires
Pour l’ouverture des JournĂ©es du fdaoui de Sousse (JFS), le Ribat sera ce vendredi 6 mai 2016 Ă 17h l’Ă©picentre de la fĂȘte et de la dĂ©couverte.
Les conteurs se succĂ©deront pour dĂ©cliner l’art du fdaoui, des gaoual et des hakawati et donneront Ă l’ouverture des JFS les saveurs du patrimoine et de l’imaginaire.
L’appui dĂ©cisif de la DĂ©lĂ©gation culturelle de Sousse
Comme chaque annĂ©e, l’Association des amis du livre et de la bibliothĂšque de Sousse et la BibliothĂšque rĂ©gionale de Sousse avec l’appui de la DĂ©lĂ©gation rĂ©gionale Ă la Culture organisent les JFD, le plus ancien et plus important rendez-vous international de conteurs en Tunisie .
DĂ©sormais, la tradition veut que ce festival soit ouvert au Ribat avec une fĂȘte au plein sens du terme, une fĂȘte qui associe conteurs et musiciens traditionnels rĂ©unis derriĂšre les remparts du Ribat.
La légende du Ribat de Sousse
FondĂ© au huitiĂšme siĂšcle, complĂ©tĂ© par les Aghlabites en 821, le Ribat de Sousse est l’un des rares exemples de cette architecture dĂ©fensive mĂ©diĂ©vale.
A l’Ă©poque, les cĂŽtes de Tunisie Ă©taient sous la menace d’incursions de navires chrĂ©tiens venus de Sicile et Ă©taient dĂ©fendues par ces ribats dans lesquels vivaient des moines-soldats.
En temps de paix, ces « mourabitoun » priaient et lisaient les textes sacrĂ©s alors qu’en temps de guerre, ils veillaient sur les cĂŽtes.
Le terme « mourabitoun » donnera en français celui de « marabout ». Il est aussi Ă l’origine du nom de famille Mrabet.
Un édifice de haute mémoire
Le Ribat de Sousse est un monument remarquable. D’une architecture spartiate, il comprend peu de dĂ©corations. On y voit Ă l’entrĂ©e, des colonnes en provenance de sites romains ou byzantins.
Une immense cour ouvre sur des salles de garde, des cellules monacales et l’unique salle communautaire de l’Ă©difice, qui est dĂ©diĂ©e Ă la priĂšre. La tour Khalef domine le ribat dont la construction initiale remonte Ă la fin du huitiĂšme siĂšcle sur des substructions antiques.
La plus ancienne mosquée intacte du Maghreb
C’est en 821 que l’Ă©mir aghlabite Ziyadat Allah Ier lui ajouta la tour, lui donnant son actuel aspect de forteresse carrĂ©e dont les angles sont flanquĂ©s de tours cylindriques et dominĂ©s par la vigie, le nador auquel est associĂ© le nom de Khalaf.
Pour l’histoire, la salle de priĂšres du premier Ă©tage du Ribat est probablement la plus ancienne mosquĂ©e qui subsiste telle quelle au Maghreb.
Il faut admirer ses lourds piliers en forme de croix, ses travĂ©es inĂ©gales et ses voĂ»tes en berceau. D’une simplicitĂ© originelle, le mihrab porte quelques traces de dĂ©coration estompĂ©es avec le temps.
Un monument reprĂ©sentatif de l’Islam mĂ©diĂ©val
Pour l’anecdote, le Ribat de Sousse a Ă©tĂ© dĂ©gagĂ© et mis en valeur lors d’une campagne de restauration qui a eu lieu de 1968 Ă 1970.
Ce ksar du ribat est aujourd’hui l’un des monuments les plus vĂ©nĂ©rables de l’Islam maghrĂ©bin. On raconte qu’il fut un temps oĂč la chaine des ribats cĂŽtiers Ă©tait ininterrompue et permettait non seulement de surveiller la mer mais aussi de relayer des messages.
On pouvait alors grĂące aux tours et aux ribats faire parvenir un message d’Alexandrie en Egypte Ă Tanger au Maroc en une nuit…
Le ribat en fĂȘte pour l’ouverture des JFS
Ce vendredi 6 mai, ce sont des conteurs et des musiciens qui investiront l’antique ribat et feront frĂ©mir ses murailles vĂ©nĂ©rables.
L’ouverture des JFS rĂ©unira en effet plusieurs fdaouis tunisiens qui feront revivre la tradition orale avec leurs contes et lĂ©gendes. Il y aura Tarek Zorgati au verbe haut et le duo Wahida Dridi-Imed Oueslati aux inspirations spectaculaires.
Un spectacle de stambali aura aussi lieu Ă l’ouverture des JFS et le public sera probablement nombreux.
Du Kalevala Ă l’oiseau de Sousse
J’aurai pour ma part le plaisir de participer Ă cette rencontre d’ouverture avec un conte dĂ©diĂ© Ă Sousse, un conte dans lequel un petit oiseau raconte la grande histoire.
Cette participation aux JFS me ramÚnera à un souvenir lié à ma toute premiÚre performance en 2007 au Ribat.
J’y avais racontĂ© des extraits du Kalevala en langue arabe pour faire connaitre Ă un public plutĂŽt surpris la beautĂ© de cette saga nordique qui trouve ses origines en Finlande.
A ma grande surprise, il y avait ce jour la des touristes finlandais de passage au Ribat et ils n’en avaient pas cru leurs yeux ni leurs oreilles car j’avais insĂ©rĂ© des citations en finnois dans mon texte!
Dans le sillage de la tradition orale
C’est donc parti pour une nouvelle Ă©dition du festival des conteurs de Sousse. Les JournĂ©es du fdaoui se poursuivront jusqu’au 15 mai avec des artistes venus de partout et un festival qui rayonnera sur l’ensemble du gouvernorat de Sousse.
Une belle manifestation à la mémoire de nos conteurs, comme le trÚs cathodique Abdelaziz Laroui, et de nos fdaouis qui peuplaient les cafés de leurs histoires.
H.B.
