Il n’y a pas si longtemps, un carnaval sillonnait les rues de Tunis avec son cortège de joie et de crĂ©ativitĂ©. Chacun y mettait du sien pour que la fĂŞte soit totale. Des semaines durant, on confectionnait des costumes et on construisait des chars pour pouvoir ensuite parader sur les avenues de la capitale en grand Ă©quipage.
Des quartiers entiers et des paroisses de la ville n’auraient pour jamais manquĂ© ce rendez-vous annuel de la bonne humeur qui rivalisait d’audace avec les carnavals des villes françaises.
De fait, les carnavals de Tunis avaient Ă©tĂ© lancĂ©s dans la foulĂ©e des premiers pas du tourisme et de la mode de l’hivernage. C’Ă©tait au tout dĂ©but du vingtième siècle Ă une Ă©poque oĂą le Tunisia Palace et le Majestic venaient de naĂ®tre.
L’adhĂ©sion spontanĂ©e de la population Ă ces fĂŞtes avait aussitĂ´t donnĂ© une ampleur inattendue Ă ces initiatives. Alors, des annĂ©es durant, Tunis a eu son carnaval dont le dĂ©filĂ© gigantesque vit encore dans quelques mĂ©moires. Heureusement que la photographie a prĂ©servĂ© ce pan festif de notre mĂ©moire plurielle, riche en processions et en cĂ©lĂ©brations.
Car, au fond, un fil invisible relie les processions paĂŻennes de l’AntiquitĂ© Ă certaines de nos « kharjas » et « moussem », toujours actuels. Ainsi, de l’hommage antique Ă Dionysos aux fameuses « helquet el aneb » chères aux Marsois, il existe des similitudes incroyables.
Tout comme il existe une proximitĂ© frappante entre les carnavals aujourd’hui disparus et notre cĂ©lĂ©bration soussienne de Aoussou, chaque 25 juillet.
Dès lors, peut-ĂŞtre verrons nous un jour renaĂ®tre de ses cendres le carnaval de Tunis? Sait-on jamais…
