J’ai un nouveau rituel : dès que le temps, comme ce matin, est au brouillard, épais et dense, je me précipite aux berges du lac pour admirer la purée de poix.
Je marche et arpente les berges en avançant dans le brouillard et en ne voyant plus Tunis qui, pourtant, est droit devant.
Enveloppée de brume, distraite à mon regard, dérobée par des voiles de vapeur, la ville a disparu… Elle se cache comme pour nous dire que le brouillamini politicien et la confusion qui va avec, y’en a assez !
Dissimulée, enserrée de brume, enfouie sous des discours fumeux, escamotée par des prestidigitateurs bigots, Tunis ne veut plus nous voir et, ensevelie dans le brouillard, semble nous dire que c’est à nous de renaitre pour que la ville revive.
Et moi, marchant à l’ombre des péripatéticiens, je demeure perplexe devant la ville camouflée, les bavards déguisés en sauveurs, Tunis masquée, dans laquelle s’agitent des justiciers qui ont leurs masques sous la peau…
Eloquent brouillard, plein de dissonances muettes et de tapages brumeux…
A force de m’y plaire et d’y revenir, je vais finir par devoir consulter, non pas un devin, un politicien ou encore un charlatan, mais plutôt un médecin que j’appellerai aussi au chevet de ma ville, ses bourreaux, ses proies, ses hosties et ses martyrs…
H.B.