Allons Ă la recherche des origines du burnous ! En effet, il semble bien difficile d’Ă©tablir avec certitude l’origine du mot « burnous » et nous essaierons d’avancer quelques remarques et constats pour mieux comprendre la provenance de ce terme qui nous est si familier.
« Burnous » est dans le dictionnaire français
Le mot « burnous » est un nom masculin, entrĂ© dans le dictionnaire français en 1851. Le premier usage remonte Ă 1556 avec l’orthographe « barnusse ». Il y eut ensuite des variations diverses jusqu’au « burnous » actuel qui, selon le Robert, dĂ©signe un grand manteau de laine Ă capuchon et sans manches que portent les Arabes.
Un mot grec Ă l’origine !
Essayons alors le dictionnaire arabe. Paradoxalement, ce dernier nous apprend que notre burnous a des origines étymologiques grecques. En effet, le terme proviendrait de « birros » qui en grec désigne un manteau à capuchon. Déconcertant!
Toutefois, les Grecs ont nĂ©cessairement utilisĂ© ce mot au contact des populations qui, en MĂ©diterranĂ©e et dans notre rĂ©gion, portaient ce type de manteaux. Les racines profondes du terme seraient alors d’origine numide, amazigh ou berbère, pour utiliser une terminologie plus rĂ©pandue.
Origines latines
Le terme « burnous » qui aura dĂ©bouchĂ© sur le grec « birros » – devenu son origine – donnera Ă©galement le latin « burra » qui dĂ©signe aussi un manteau de laine.
Ce terme latin de « burra », qui trouve fort probablement son origine dans « burnous », a donné « bure » en français.
La bure désigne une grossière étoffe de laine brune et par extension le vêtement d cette étoffe. On parlera de la bure des moines ou celle des Capucins.
De la bure Ă la bourre…
Le mot « bure » est utilisé en français depuis le seizième siècle. Il a fait son apparition au douzième siècle sous la forme de « burel » qui provient du vieux latin populaire et constitue une légère corruption de « burra ». En arabe, « bure » se traduit par « al malf » et désigne un gros tissu.
Notons aussi que ce terme latin de « burra » est Ă l’origine de « bourre » et « bourrelier ». La bourre est un amas de poils, dĂ©tachĂ©s avant le tannage ou encore les dĂ©chets de peignage de la laine. Et tous ces mots français sont des cousins de notre burnous!
Quelques remarques éparses
Terminons par quelques remarques qu’il est utile de mentionner:
– Dans son « EncyclopĂ©die berbère », Gabriel Camps relève que dans la chaine algĂ©rienne du Djurdjura, il existe des monts BaranĂ©s. Ces monts seraient ainsi nommĂ©s car leurs habitants portaient des capes similaires au burnous. Sont-ce les burnous originels?
– En Espagne, on dĂ©signe par le terme « albornoz » une cape ample. De toute Ă©vidence, ce mot provient de burnous.
Les cousins de notre burnous
– En latin, on utilise aussi le terme « birrus » qui s’Ă©crit aussi « byrrhus » ou encore « burrhus » et dĂ©signe une sorte de manteau. Ce terme est d’autant plus proche de notre burnous que le « u » latin se prononce « ou ».
– En arabe, on parle de « dhou al baranis » pour Ă©voquer ceux qui portent un manteau Ă capuchon.
– Enfin, en dialecte tunisien, on utilise « Tmentech » ou « al bourra » pour dĂ©signer la bourre.
Que de proximitĂ©s entre « burnous », « birros », « birrus », « bure » et « bourre ». De quoi vous donner le vertige et un profond sentiment d’interculturalitĂ©!
H.B.
