Dans l’histoire de la boxe en Tunisie, le Cercle Jo Guez occupe une place à part. C’est là que se retrouvaient des dizaines d’amateurs, toutes catégories confondues, pour y faire leurs premières armes dans le noble art.
C’est là que toute une génération de boxeurs a fait ses premiers pas depuis les années quarante. Cette pépinière de champions a produit de nombreux talents parmi lesquels Simon Bellaiche surnommé le Prince de la Hafsia, disparu en 2010 à l’âge de 70 ans après une belle carrière entre la Tunisie et la France.
Ce cercle se souvient aussi de Felix Brami, un champion incontesté des années cinquante qui a lui aussi taquiné les punching-balls dans cette salle, avant de tenter sa fortune en France.Parmi les boxeurs de la salle Jo Guez, Sadok Bahri occupe une place à part. Tout le monde connaissait du côté de Lafayette, le fameux Bahri qui, reconverti en cordonnier, avait sa boutique à l’entrée de l’avenue de la Liberté.
Affable, trapu et toujours disponible, Bahri aimait se souvenir de ses débuts à la salle Jo Guez. L’amateur qu’il était en 1944 s’était vite distingué en remportant quatre combats successifs, ce qui lui permit de passer professionnel en un temps record.
Bahri se distinguera à nouveau en battant Young Roger et en s’adjugeant le titre de champion de Tunisie. Il ira alors en France, comme ma plupart des jeunes de sa génération. Il y mènera une carrière brillante, brassant les victoires et ne concédant qu’une seule défaite par K.O.
Son palmarès plaide pour lui. Avec 35 combats dont 18 victoires, 5 nuls et 12 défaites, Sadok Bahri a tutoyé les étoiles avant de rentrer à Tunis et mettre un terme à sa carrière en août 1951.
Depuis, ce natif du 21 juin 1912 tenait son échoppe de l »avenue de la Liberté jusqu’à sa disparition en mars 1996.
Quant au Cercle Jo Guez, il existe toujours et s’est reconverti en salle de sport et de culture physique. Ce qui fut la pépinière des boxeurs est aujourd’hui un paisible local dont les murs des vestiaires se souviennent de la mémoire du siècle. Situé à la rue Eve Nohelle, près du lycée Bourguiba, cette salle connait encore de beaux jours, dans le sillage de son fondateur, lui aussi un boxeur émérite…