L’information s’est propagĂ©e dans le milieu culturel a très grande vitesse et ressemblait Ă un vĂ©ritable canular, tant les choses semblaient grossières et improbables.
En effet, selon ce qui ressemblait Ă s’y mĂ©prendre Ă une rumeur, le Centre culturel international de Hammamet (CCIH)fermerait prochainement ses portes et cĂ©derait son emplacement Ă une Maison du Théâtre qui serait en voie de crĂ©ation.
Le projet existerait mais n’est plus Ă l’ordre du jour
La paternitĂ© de ce projet Ă©tait attribuĂ©e au ministre des Affaires culturelles en personne et le dossier, toujours selon l’incroyable rumeur se trouverait dĂ©jĂ au cabinet du Chef du gouvernement.
Toutefois, interrogĂ© Ă ce propos, le ministre Mohamed Zinelabidine a tempĂ©rĂ© et, selon toute Ă©vidence, remis dans ses cartons ce projet qui remettait en question l’existence d’une institution importante de notre tissu culturel.
De plus, pareil projet revient ni plus ni moins Ă tirer sur une ambulance. En effet, depuis quelques temps, le Centre culturel international de Hammamet se distingue par son activisme, la fidĂ©litĂ© Ă sa vocation d’ouverture et la qualitĂ© incontestable de son festival. DirigĂ© par Moez Mrabet, le CCIH a en effet multipliĂ© les initiatives et créé de nouvelles traditions en matière d’art contemporain et de crĂ©ation artistique.Nous sommes bien loin de l’Ă©poque rĂ©volue oĂą ce centre ressemblait Ă une belle au bois dormant, profondĂ©ment assoupie et servant de sinĂ©cure Ă des fonctionnaires en prĂ©-retraite.
Une ruche d’initiatives culturelles
VĂ©ritable ruche, ce centre a Ă©tĂ© en quelque sorte refondĂ© par son jeune directeur et s’apparente Ă une ruche crĂ©ative frĂ©quentĂ©e par des centaines de jeunes et servant de laboratoire artistique pour toute la rĂ©gion voisine ainsi que pour plusieurs participants qui y viennent de Tunis et de Sousse.
Travaillant sur la proximitĂ© et s’inscrivant aussi dans une dynamique plus large, ce centre mĂ©rite aussi de sa vocation internationale dans la mesure oĂą il accueille de nombreux expatriĂ©s essentiellement europĂ©ens qui vivent dans la rĂ©gion.Enfin, ce centre a Ă©tabli de solides passerelles avec la sociĂ©tĂ© civile et mène des actions de fond qui, par ricochet, ont rejailli sur sa notoriĂ©tĂ© et l’affluence du public.
Par ailleurs, le festival de Hammamet est bel et bien devenu l’unique poumon culturel et la seule scène qui n’a pas sacrifiĂ© ses principes et ses choix artistiques au goĂ»t du jour et Ă la culture de masses.
Tout cela plaide bien Ă©videmment pour la continuitĂ© d’un CCIH qui a retrouvĂ© ses couleurs avec l’arrivĂ©e de Moez Mrabet, après une sombre parenthèse au cours de laquelle les directions antĂ©rieures ont quasiment tout ce qui avait Ă©tĂ© entrepris avant eux.
A ce titre, Moez Mrabet a renoué avec la bonne tenue du centre qui avait brillé de mille feux du temps de Lassaad Ben Abdallah, dernier responsable à y avoir mené, lui aussi, un véritable projet culturel.
Et voilĂ que tout Ă coup, sans crier gare, la liquidation du CCIH serait envisagĂ©e ! L’information a beaucoup circulĂ© Ă Hammamet et les associations de la rĂ©gion sont en train de se mobiliser pour s’opposer Ă cette dĂ©cision qui, heureusement, semble avoir fait long feu.
En effet, le ministre des Affaires culturelles s’est exprimĂ© Ă ce sujet et affirmĂ© qu’il n’en serait rien et qu’aucune Maison du Théâtre ne viendrait prendre la place d’un centre très proche de ses usagers qui s’avèrent très nombreux.Des rumeurs alarmistes
Toutefois, les rumeurs alarmistes se propagent encore et contribuent à créer une atmosphère pesante autour du CCIH.
En effet, selon les « informations » qui circulent Ă Nabeul et Hammamet, toute l’histoire de cette supposĂ©e maison du théâtre ne serait qu’un leurre destinĂ© Ă d’abord vider le CCIH de sa substance pour ensuite revendre les terrains environnants Ă des promoteurs immobiliers.
Hautement improbable, ce scénario est pourtant des plus répandus dans une région qui tient à son fleuron culturel, installant une malheureuse méfiance entre le ministère de tutelle et le public culturel.
Nul n’aurait intĂ©rĂŞt Ă dĂ©pecer la Villa Sebastian et ses jardins et, dommage, qu’on laisse ouvrir ces boĂ®tes de Pandore Ă cause de projets improbables, dĂ©cidĂ©s dans la prĂ©cipitation, promus dans la confusion puis retirĂ©s dans l’anonymat.Il est temps pour les responsables culturels d’affirmer haut et fort que la Villa Sebastian n’est pas Ă vendre, que l’existence du Centre culturel international de Hammamet n’est pas remise en question et que, pour le moment, la Maison du ThĂ©pâtre se trouve au Bardo, en attendant une Ă©ventuelle nouvelle destination.
Sinon, nous sommes condamnĂ©s Ă laisser courir les rumeurs les plus folles sur fond d’accusations gratuites et injustifiĂ©es selon lesquelles le ministère des Affaires culturelles serait en train de brader son domaine.
