Les démocrates d’Ennahdha sont en train de nous administrer une belle leçon en prenant en tenailles tout un pays. Alors que leur bureau politique appelle au renversement du gouvernement dont ils sont la colonne vertébrale, leurs ténors, sopranos et barytons haussent le ton.
Monsieur Noureddine Bhiri la joue irrédentiste et menace de prendre le maquis. Monsieur Abdelkrim Harouni vitupère et martèle le diktat nahdhaoui. Et les démocrates à barbe continuent à sciemment saborder le pays pour des desseins idéologiques.
Entre temps, on jette en prison pour blasphème. Entre temps, on vire des profs du centre d’examen pour rouge à lèvres trop vif. Entre temps, on laisse saboter l’économie quitte à importer du phosphate et abattre les gazelles dans le ciel.
Toutes les petites répressions sont en fait des os qu’on nous donne à ronger, des écrans de fumée pour détourner notre regard des enjeux véritables. L’essentiel est ailleurs. Dans le délitement volontaire des institutions. Dans les bricolages de l’esprit et du texte de la Constitution. Dans la loi électorale qui est subitement devenue non conforme aux desiderata de la confrérie. Dans tant d’autres indices majeurs et mineurs qui soulignent la déroute générale.
N’en doutez pas un seul instant: l’affaire Emna Chargui n’ira pas plus loin. Les islamistes appelleront les juges à la mansuétude et défendront du bout des lèvres mais sous les projecteurs, la liberté de conscience. Comme d’habitude, ce sera un marchandage à leur profit.
Pour Meriem Bouaziz, c’est une simple bavure, un excès de zèle d’un misogyne ordinaire qui sera oublié demain. Pour le reste, les grandes manœuvres ne font que commencer derrière les paravents de la honte et sous le regard de soi-disants élus modernistes qui, après avoir volé nos voix, les échangent contre des maroquins avec leurs complices islamistes.
Sous le regard aussi du sultan et des émirs qui s’accommodent bien des bruits de bottes en Libye et rêvent d’un goulag intégriste pour notre Tunisie. La duplicité n’a plus de frontières et le mouvement national tunisien ne peut que renaître de ses cendres face à la double poussée de l’obscurantisme et de la nostalgie des empires.