Chaque été, les administrations tunisiennes passent en « séance unique ». Comprenez : des horaires réduits, souvent de 8h à 14h, appliqués en juillet et août. Si la mesure se voulait à l’origine un compromis entre efficacité et conditions climatiques éprouvantes, elle devient de plus en plus difficile à justifier à l’heure où la rapidité et la disponibilité des services publics sont des exigences citoyennes, et non des luxes.
Cette organisation saisonnière, bien qu’ancienne, provoque désormais plus de frustrations que de soulagement. Le citoyen, pris au piège de guichets saturés et de délais rallongés, voit son quotidien entravé par une administration aux horaires figés. Et pour les entreprises, notamment les PME, ces deux mois de ralentissement généralisé peuvent freiner des procédures clés et impacter leur productivité.
Alors, faut-il supprimer la séance unique ? Pas forcément. Il est temps de la réformer intelligemment, en tenant compte à la fois du bien-être des agents et du droit des usagers à un service accessible. Une refonte de la séance unique doit aller de pair avec une vraie stratégie de digitalisation.
Aujourd’hui encore, de nombreuses démarches nécessitent un déplacement physique. En permettant aux agents de travailler à distance et en développant des services en ligne efficaces, la pression sur les guichets pourrait être réduite tout en maintenant un service actif au-delà des heures physiques d’ouverture.
Repenser la séance unique, c’est en réalité repenser le rapport entre l’administration et le public. C’est passer d’une logique figée à une culture de service. Il ne s’agit pas de supprimer une mesure protectrice, mais de la moderniser pour qu’elle réponde aux exigences d’aujourd’hui : proximité, efficacité, adaptabilité.