A un mois de l’entrée en vigueur du mécanisme carbone européen (CBAM), l’Union européenne intensifie son soutien aux PME tunisiennes pour les aider à mesurer leurs émissions, moderniser leurs outils de production et se préparer aux nouvelles obligations climatiques qui conditionneront l’accès au marché européen.
L’Union européenne a annoncé un ensemble élargi de programmes d’assistance destinés aux petites et moyennes entreprises tunisiennes, en prévision de l’application du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières.
Dès début 2026, les exportateurs devront déclarer l’empreinte carbone de leurs produits destinés au marché européen. Les entreprises locales, notamment dans l’industrie et l’agroalimentaire, sont appelées à adapter rapidement leurs process. Les dispositifs européens déployés en Tunisie visent à réduire le risque de rupture commerciale et à soutenir la transition écologique du tissu économique.
Soutien renforcé pour la mise aux normes climatiques
Le programme Trade and Competitiveness (TCP) constitue l’un des piliers de cette stratégie : subventions ciblées, facilitation de l’accès au financement via des mécanismes de partage des risques et sessions de formation pour aider les PME à mesurer leurs émissions et adapter leur production.
Le programme GEFF Tunisie, orienté vers l’économie verte, mobilise des lignes de crédit auprès des banques tunisiennes pour financer l’efficacité énergétique, l’achat d’équipements sobres en carbone et les solutions d’énergie renouvelable. Des incitations financières complètent ces investissements pour encourager une transition rapide.
Dans les filières agricoles et agroalimentaires, le programme PACE-AMIT soutient la modernisation des chaînes de valeur, l’obtention de certifications et la préparation à l’export, afin d’aligner les standards tunisiens sur les exigences européennes.
En parallèle, l’instrument TAIEX apporte un appui technique aux administrations : mise à niveau réglementaire, digitalisation des services, harmonisation avec les normes européennes et renforcement de la gouvernance environnementale.
Le CBAM, un tournant pour les exportations tunisiennes
Les institutions européennes insistent sur l’urgence d’une adaptation rapide des entreprises tunisiennes afin d’éviter des pénalités carbone ou une perte de compétitivité à l’export.
Les autorités tunisiennes, de leur côté, encouragent les sociétés à mesurer leurs émissions, réduire leur empreinte carbone et se doter du statut d’« exportateur MACF » ou à désigner un représentant indirect accrédité pour gérer les déclarations.
Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières constitue l’un des outils phares du Pacte vert européen. Il impose aux entreprises exportant vers l’UE de déclarer leurs émissions intégrées dans les produits – première étape avant la mise en place, dans une phase ultérieure, d’un tarif carbone ajusté à l’entrée du marché européen.
La Tunisie, dont une part importante des exportations est destinée à l’Europe, doit donc accélérer la mise à niveau de ses standards pour éviter un déséquilibre commercial ou une marginalisation de ses industries traditionnelles.
Qu’est-ce que le mécanisme carbone ?
Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF), appelé aussi Carbon Border Adjustment Mechanism (CBAM) en anglais, est un outil de politique climatique de l’Union européenne visant à taxer le carbone incorporé dans certains produits importés afin de :
1. Limiter les fuites de carbone
Si les pays exportateurs vers l’UE ont des normes environnementales moins strictes, leurs produits peuvent être « moins chers » grâce à des émissions de CO₂ élevées. Le CBAM vise à éviter que la production polluante se déplace hors de l’UE, ce qu’on appelle la « fuite de carbone ».
2. Encourager la réduction des émissions à l’export
Les entreprises qui exportent vers l’UE devront déclarer la quantité de CO₂ émise pour fabriquer leurs produits. Selon le niveau d’émissions, elles devront payer un prix correspondant au coût du carbone européen, ce qui les incite à adopter des technologies plus propres.
3. Cibler des secteurs spécifiques
Pour commencer, le CBAM porte sur les produits à forte intensité carbone : acier, aluminium, ciment, engrais, électricité et certains produits chimiques. À terme, il pourrait s’élargir à d’autres secteurs.
4. Fonctionnement pratique
L’exportateur déclare ses émissions de CO₂ pour chaque produit destiné à l’UE. L’autorité européenne calcule le montant carbone à payer, qui dépend du prix de la tonne de CO₂ sur le marché européen. Si le pays exportateur applique déjà une taxe carbone équivalente, celle-ci est déduite pour éviter une double taxation.
5. Objectifs globaux
Réduire les émissions mondiales de CO₂ en rendant la production polluante moins compétitive, encourager l’innovation verte dans les pays tiers, protéger les industries européennes qui respectent déjà des standards environnementaux stricts.
En résumé, le CBAM est à la fois un instrument économique et écologique, qui combine régulation du commerce international et lutte contre le changement climatique.
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