Au cours de la première semaine de novembre 2025, l’Instance nationale de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (INSSPA) a saisi plus de 14 tonnes et 690 litres de denrées jugées impropres à la consommation.
Un chiffre conséquent, sans atteindre toutefois les volumes records observés avant le mois de ramadan 2023 — plus de 108 tonnes en une seule semaine —, mais qui témoigne d’un retour en force des contrôles et d’une vigilance accrue face à la prolifération du marché informel.
Des saisies ciblées, un territoire sous surveillance
Les opérations menées dans les gouvernorats de Sfax, Kairouan, Manouba, Bizerte, Nabeul et Le Kef dressent la cartographie d’une chaîne alimentaire fragile et hétérogène.
À Sfax, l’équipe centrale a mis au jour plus de 11 tonnes de cacao et de graisses végétales périmées, reconditionnées avec des dates de validité falsifiées et des étiquettes arrachées pour masquer l’origine.
Toujours dans le même gouvernorat, les contrôleurs régionaux ont découvert plus de 500 kg de pommes de terre et de fruits secs infestés d’insectes, entreposés dans un dépôt sans ventilation.
À Kairouan, les brigades mixtes ont saisi près de 300 litres de lait et de raïb, 100 kg de piment rouge séché couvert de poussière et de rongeurs, ainsi que 165 kg de viandes avariées. Trois restaurants d’alimentation rapide ont été fermés pour non-respect des normes sanitaires.
Dans le Kef, ce sont plus de 900 kg de légumes et de fruits pourris — oignons, dattes, harissa artisanale — et plus de 300 boissons gazeuses contenant des colorants interdits (E102) qui ont été retirés du marché.
À Manouba, un abattoir clandestin hébergeant 299 volailles vivantes et 265 déjà abattues a été mis à l’arrêt, tandis qu’à Bizerte, plus de 760 kg de viande de volaille ont été confisqués dans un point de vente illégal.
Enfin, à Nabeul, près de 100 litres d’huile végétale périmée ont été saisis dans un entrepôt où régnaient humidité, moisissure et présence de rongeurs.
Ces interventions simultanées traduisent un resserrement de l’action de l’INSSPA, désormais étendue à l’ensemble du territoire, en lien avec les brigades de la Garde nationale et les parquets régionaux.
Fraude ordinaire et économie de survie
Derrière les entrepôts poussiéreux et les ateliers improvisés, se profile une économie grise devenue système.
Dans un contexte d’inflation persistante, certains opérateurs réétiquettent, recyclent, ou falsifient les dates de péremption pour maintenir leurs marges.
L’INSSPA, qui multiplie les descentes, se heurte à une fraude devenue routine, alimentée par la tolérance économique et la lenteur judiciaire.
Entre les circuits officiels et le marché informel, les frontières se dissolvent : les produits douteux réintègrent les rayons plus vite qu’ils n’en sont retirés.
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