À la veille du scrutin municipal, New York retient son souffle. Si les sondages se confirment ce mardi 4 novembre, la métropole américaine pourrait connaître une élection historique : celle de Zohran Mamdani, favori des sondages et en passe de devenir le premier maire musulman, le premier d’origine sud-asiatique, et le premier né en Afrique à diriger la ville.
Une campagne de terrain, ancrée dans les quartiers populaires
Né à Kampala, en Ouganda, et fils du célèbre universitaire Mahmood Mamdani, Zohran Mamdani a grandi dans le Queens avant de se lancer en politique. Élu député de l’État de New York, il a bâti sa campagne sur un engagement sans relâche dans les quartiers populaires : transports gratuits, garde d’enfants universelle, gel des loyers, et fiscalité plus équitable.
« Leave everything out there on the field », a-t-il lancé à ses partisans réunis dans le quartier d’Astoria, les appelant à « tout donner » avant le vote.
Selon la commission électorale, plus de 735 000 électeurs ont déjà voté de manière anticipée — un chiffre quatre fois supérieur à celui de 2021, signe d’une forte mobilisation.
Face à Cuomo et Trump, deux visions de New York
Son principal adversaire, Andrew Cuomo, ancien gouverneur de l’État, se présente en indépendant et a reçu un soutien inattendu : celui de Donald Trump, qui a décrit Mamdani comme un « communiste dangereux ».
Lors des derniers jours de campagne, Donald Trump a envenimé la polémique en accusant Zohran Mamdani “de haïr le peuple juif”, une déclaration qui a suscité de vives réactions jusque dans la communauté juive new-yorkaise.
Ce soutien a renforcé la polarisation d’une campagne déjà tendue. Les électeurs se trouvent désormais face à deux modèles de ville :
- celui de Cuomo, ancré dans l’ordre établi ;
- celui de Mamdani, fondé sur la redistribution et la justice sociale.
À cela s’ajoutent les controverses autour d’Andrew Cuomo lui-même, toujours marqué par les accusations de harcèlement sexuel qui ont précipité sa démission du poste de gouverneur en 2021.
Un symbole d’ouverture dans un monde de replis
Si sa victoire se confirme, Mamdani incarnera bien plus qu’une alternance politique. Il symbolisera la réinvention du rêve new-yorkais, où les enfants d’immigrés, longtemps cantonnés à la périphérie sociale et politique, accèdent au sommet du pouvoir municipal.
L’éventuelle victoire de Zohran Mamdani aurait un retentissement bien au-delà des États-Unis. Dans un monde traversé par les crispations identitaires et les replis nationalistes, l’élection d’un maire musulman à New York enverrait un signal d’ouverture et de confiance dans la diversité.
Un tournant historique — peut-être le plus symbolique pour la ville depuis l’élection de David Dinkins, premier maire afro-américain, en 1989.
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