Lors de la JournĂ©e de lâingĂ©nieur cĂ©lĂ©brĂ©e Ă Zaghouan, le doyen de lâOrdre, Mohsen Gharssi, a dĂ©noncĂ© la dĂ©gradation des conditions matĂ©rielles et sociales des ingĂ©nieurs, rĂ©vĂ©lant quâun ingĂ©nieur sur trois a dĂ©jĂ quittĂ© la Tunisie. Ce constat sâinscrit dans une tendance alarmante dĂ©jĂ observĂ©e depuis plusieurs annĂ©es.
La fuite des compĂ©tences sâaggrave dans le secteur de lâingĂ©nierie. Le doyen de lâOrdre des ingĂ©nieurs de Tunisie, Mohsen Gharssi, a tirĂ© la sonnette dâalarme sur lâampleur du phĂ©nomĂšne : plus de 45 000 ingĂ©nieurs tunisiens sur un total de 110 000 inscrits ont quittĂ© le pays.
Selon lui, cette hémorragie résulte de la précarité professionnelle, de la stagnation salariale et du non-respect des engagements pris par les autorités envers la profession.
Supervisant, mardi Ă Zaghouan, la cĂ©lĂ©bration de la JournĂ©e de lâingĂ©nieur aux cĂŽtĂ©s du gouverneur Karim Barnaji, Gharssi a rappelĂ© que lâaccord conclu en fĂ©vrier 2021 entre le gouvernement et lâOrdre â portant sur lâextension de la prime spĂ©cifique aux ingĂ©nieurs du secteur public â nâa toujours pas Ă©tĂ© appliquĂ©.
Un phĂ©nomĂšne ancien qui sâamplifie
Le constat dressĂ© par Mohsen Gharssi confirme une tendance prĂ©occupante dĂ©jĂ signalĂ©e plus tĂŽt dans lâannĂ©e. En mars 2025, lâancien doyen Kamel Sahnoun dĂ©clarait devant la Commission parlementaire de lâĂ©ducation et de la recherche scientifique que sur 90 000 ingĂ©nieurs inscrits, 39 000 avaient dĂ©jĂ quittĂ© le pays.
Le rythme était alors estimé à prÚs de 20 départs par jour, un chiffre vertigineux qui traduisait déjà la gravité de la situation.
Ă lâĂ©poque, le coĂ»t de la formation des ingĂ©nieurs en Tunisie avait Ă©tĂ© Ă©valuĂ© Ă 650 millions de dinars par an, un investissement colossal souvent perdu au profit dâautres pays. En octobre 2025, le nombre de dĂ©parts dĂ©passe dĂ©sormais les 45 000, confirmant que la crise ne faiblit pas.
Les causes structurelles persistent
Les raisons Ă©voquĂ©es restent les mĂȘmes : faibles salaires, manque de perspectives, projets bloquĂ©s par la bureaucratie et absence dâun environnement propice Ă lâinnovation. De nombreux ingĂ©nieurs, notamment dans les secteurs public et industriel, dĂ©noncent la marginalisation de leur rĂŽle et lâabsence de politiques dâencouragement Ă la recherche et Ă lâentrepreneuriat technologique.
Mohsen Gharssi a rappelĂ© que lâingĂ©nieur tunisien reste un pilier du dĂ©veloppement, mais que sans reconnaissance institutionnelle ni amĂ©lioration de ses conditions de vie, la fuite des talents continuera Ă priver le pays de ses meilleures compĂ©tences.
PlacĂ©e sous le thĂšme « LâingĂ©nieur, levier du dĂ©veloppement durable et de lâĂ©conomie circulaire », la JournĂ©e de lâingĂ©nieur a soulignĂ© lâimportance de cette profession dans la transition Ă©cologique et industrielle du pays.
Une fuite des cerveaux coûteuse et alarmante
Selon les estimations, prĂšs dâun ingĂ©nieur sur deux formĂ© en Tunisie exerce dĂ©sormais Ă lâĂ©tranger. Le phĂ©nomĂšne, dĂ©jĂ qualifiĂ© de drain de compĂ©tences par plusieurs organisations professionnelles, menace directement la compĂ©titivitĂ© du pays dans les domaines de lâĂ©nergie, du numĂ©rique et de lâindustrie.
Les spĂ©cialistes estiment que chaque dĂ©part reprĂ©sente non seulement une perte de compĂ©tences, mais aussi un manque Ă gagner pour lâĂ©conomie nationale, affaiblie par le dĂ©sĂ©quilibre croissant entre formation et rĂ©tention des talents.
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