Quatre ans après avoir quitté la Kasbah, Hichem Mechichi sort enfin de son silence. L’ancien chef du gouvernement raconte son départ du gouvernement lors du 25 juillet 2021, décrivant un pays plongé dans le « déraisonnable et l’hystérie ».
Pour Mechichi, son silence prolongé était un choix de « responsabilité professionnelle » et de respect de l’image de l’État. « Il ne s’agit pas de laisser certains acteurs politiques écrire l’histoire à leur manière », déclare-t-il. Mechichi reconnaît appartenir à ce qu’on appelle la « deep state », mais selon sa vision, cela correspond à l’État national post-indépendance, qui a offert des opportunités, parfois limitées, à la classe moyenne pour progresser dans la société grâce à leurs compétences.
Dans ce podcast de cinq heures diffusé par un organe de presse appartenant à Al-Jazeera, il se présente comme un technocrate, ni opposant ni révolutionnaire, façonné par un parcours administratif et académique. Mais ses propos soulignent surtout l’écart entre ses analyses et l’expérience des Tunisiens.
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Sa vision d’un État post-indépendance qui aurait offert des opportunités limitées à la classe moyenne peut paraître déconnectée de la réalité vécue par la majorité de la population.
Mechichi critique l’instrumentalisation du judiciaire et le traitement de ce qu’il appelle des prisonniers politiques, tout en se plaçant lui-même en témoin impartial. Mais le silence et l’absence d’action pendant son mandat questionnent sa crédibilité : pouvait-il vraiment « prévenir » ce qu’il dénonce aujourd’hui ?
En fin de compte, cette sortie médiatique ressemble moins à une révélation qu’à un rappel opportun de son rôle dans l’ancien système, alors que la Tunisie continue de chercher des réponses concrètes.