En septembre 2025, la ville de Gabès a de nouveau été le théâtre d’une crise environnementale d’ampleur. Plus de 150 personnes ont été intoxiquées en un mois par des émanations toxiques liées au complexe chimique, dont une cinquantaine d’élèves à Chatt Essalem transférés à l’hôpital de la Rabta à Tunis. Ces incidents, parmi les plus graves de ces dernières années, ont suscité colère et indignation locales.
C’est dans ce contexte que le président de la République, Kaïs Saïed, a réuni mardi 30 septembre au Palais de Carthage trois membres du gouvernement : Mustapha Ferjani (Santé), Habib Abid (Environnement) et Fatma Thabet (Industrie, Énergie et Mines).
Un “crime” contre la vie
Le chef de l’État a qualifié l’implantation du complexe chimique à Gabès de “véritable crime” ayant conduit à “l’assassinat de l’environnement et de la santé”.
“Ce qui a été accepté à Gabès, alors que certains pays africains l’avaient refusé, a détruit les oasis, la mer et le désert. L’environnement a été assassiné, la santé a été assassinée”, a-t-il lancé.
Pour Saïed, la répétition des intoxications illustre des “manquements graves de maintenance” et l’absence d’une stratégie de protection durable.
Des solutions déjà sur la table
Le président a rappelé que de nombreux jeunes de Gabès avaient, dès 2013, proposé des solutions pour restaurer l’équilibre écologique et développer des alternatives énergétiques, notamment l’hydrogène vert. Mais leurs propositions ont été ignorées. “Notre jeunesse est une véritable richesse nationale, il est temps de l’écouter”, a-t-il insisté.
Kaïs Saïed a annoncé une approche en deux étapes :
- Réponse immédiate : installation d’équipements pour réduire les émissions toxiques et sécuriser la population.
- Plan de sauvetage global : réhabiliter Gabès sur le long terme et protéger l’ensemble du pays des “crimes environnementaux accumulés depuis des décennies”.
L’affaire Gabès dépasse le cadre local. Elle symbolise les contradictions du développement tunisien : industrialisation polluante, inertie de l’État, mépris des alternatives durables.
Lire aussi: Gabès – Pollution : Trente habitants intoxiqués, colère et appels à une enquête