La Tunisie fait face à une crise environnementale silencieuse mais préoccupante : l’érosion marine. Selon le rapport 2023 de la Banque mondiale, le pays figure parmi les plus touchés au monde par ce phénomène.
L’expert environnemental Mehdi Laâbdeli rappelle que 260 km de littoral tunisien, sur un total de 670 km, sont aujourd’hui gravement affectés. « La situation devient critique, car l’avancée de la mer met en péril les écosystèmes, les infrastructures et les zones urbanisées », a-t-il expliqué dans une déclaration à la journaliste Kawther Laaroubi.
Des plages fragilisées et des eaux polluées
Outre l’érosion, la qualité de l’eau pose problème. Une campagne menée en juin 2025 par le ministère de la Santé sur 539 points de contrôle a révélé que seuls 29 % affichaient une qualité excellente. Dans 71 % des cas, l’eau de mer ne répond pas totalement aux normes internationales.
Pour la spécialiste en changements climatiques Amel Jerad, les causes de cette situation sont multiples : élévation du niveau de la mer, urbanisation incontrôlée et pollution chronique.
Les tentatives de riposte
Face à cette urgence, l’Agence de protection et d’aménagement du littoral mise sur le rechargement en sable pour restaurer les plages menacées. Son responsable par intérim, Mehdi Belhaj, a indiqué que l’agence est intervenue récemment à Port El Kantaoui (Sousse) pour la réhabilitation de 3 km de côte.
« Le choix des sables est délicat, car il doit être compatible avec la plage ciblée. Ce processus demande des études poussées et beaucoup de temps », a-t-il précisé.
Entre recul du littoral, pollution marine et menace climatique, la Tunisie se retrouve face à un triple défi environnemental. Les experts insistent sur la nécessité d’adopter des politiques publiques cohérentes et des stratégies durables pour sauvegarder le patrimoine côtier, vital pour l’économie, le tourisme et la biodiversité.