Ce mardi marque un cap douloureux pour le journalisme tunisien : 500 jours se sont écoulés depuis l’arrestation du journaliste Mourad Zeghidi et de l’animateur Borhène Bsaïes, arrêtés le 11 mai 2024. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) dénonce ce qu’il qualifie d’« arrestations arbitraires » et réclame leur libération immédiate et inconditionnelle, ainsi que celle de tous les journalistes détenus pour leurs opinions.
Selon le SNJT, Zeghidi et Bsaïes ont été condamnés à huit mois de prison en janvier 2025, dans le cadre d’un dossier relatif au décret 54 sur les crimes liés aux systèmes d’information et de communication, en raison de déclarations critiques sur les politiques publiques. Mais leur calvaire ne s’arrête pas là : ils font face à une seconde procédure judiciaire entachée de multiples irrégularités, notamment le non-respect des droits de la défense et l’émission d’un mandat d’arrêt sans audition préalable ni accès au dossier par leurs avocats.
Le SNJT considère que cette situation ne relève pas d’un cas isolé. D’autres journalistes, comme Shouda Haj Mabrouk et Sounia Dahmani, ont également été visés pour leurs écrits ou opinions, illustrant selon le syndicat une politique systématique d’intimidation des voix critiques.
« La détention continue de Zeghidi et Bsaïes est un affront au principe de liberté et au droit fondamental de ne pas être arbitrairement privé de sa liberté, inscrit dans l’article 9 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme », souligne le communiqué. Le SNJT appelle les autorités judiciaires à cesser toute instrumentalisation politique du système judiciaire, en particulier dans un contexte de vacance du Conseil supérieur de la magistrature.
Le syndicat exhorte enfin tous les partenaires et défenseurs de la liberté d’expression à intensifier la pression pour mettre fin à ce qu’il décrit comme une situation critique pour la presse tunisienne, rappelant que 500 jours de détention arbitraire ne sont pas seulement un chiffre : ils témoignent d’une atteinte persistante aux droits des journalistes et constituent un avertissement pour l’avenir des libertés en Tunisie.