La Tunisie connaît une amélioration de sa situation hydrique après cinq années de sécheresse, grâce à des précipitations importantes en 2024-2025. Néanmoins, le pays reste confronté au stress hydrique et à la surexploitation de ses ressources.
Lors d’une conférence de presse organisée mardi par l’Association Nomad 08 Redeyef et l’Observatoire national de l’Eau, l’expert en ressources hydriques Houcine Rhili a souligné que le taux de remplissage des barrages a atteint 41% en juin 2025, contre seulement 19% en novembre 2024. Cette amélioration est attribuée aux précipitations importantes enregistrées tout au long de l’année.
Cependant, Rhili a rappelé que la Tunisie reste sous stress hydrique. Le taux de sécurité hydrique des barrages, qui culminait à 64% en 2019, continue de régresser, et le plus grand barrage du pays, Sidi Salem, n’affiche qu’un remplissage de 24% au 8 septembre 2025. Il a insisté sur la nécessité de réviser les politiques nationales pour préserver les ressources en eau, alors que l’évaporation des barrages atteint quotidiennement 700 000 m³, soit 60% de la consommation nationale d’eau potable.
Taux de remplissage des barrages à 29,3%
Le taux de remplissage des barrages en Tunisie a atteint 29,3% au 9 septembre 2025, selon des données publiées mardi par l’Observatoire national de l’agriculture (ONAGRI). Le volume global d’eau stocké dans les barrages s’élève à 692,6 millions de m³, soit une hausse de 27% par rapport à la même période de 2024. Malgré cette amélioration notable, le niveau actuel reste inférieur de 8,3 % à la moyenne des années précédentes, estimée à 639,3 millions de m³.
La répartition régionale montre une forte concentration des ressources dans le nord du pays, qui détient environ 92% des réserves. Dans ces barrages, le taux de remplissage atteint 34,3%. En revanche, les barrages du centre n’affichent qu’un taux de 9,6% (43,1 millions de m³), tandis que ceux du Cap Bon (Nord-Est) atteignent 19,9% (12,3 millions de m³).
Plus de 8 000 puits illégaux à Kébili
L’expert a également alerté sur la surexploitation des nappes souterraines dans plusieurs régions, notamment Kébili, où l’exploitation atteint 220% en raison de forages anarchiques. Plus de 8 000 puits illégaux y sont recensés, menaçant la durabilité des ressources. Rhili a critiqué l’introduction d’un article dans le projet de Loi de Finances 2026 sur l’amnistie hydrique, estimant qu’il pourrait encourager de nouveaux forages illégaux.
SONEDE : 220 000 m³ d’eau perdus chaque année à cause de fuites
Hamza El Fil, chef du Laboratoire Dessalement et Valorisation des Eaux Naturelles au Centre de Recherches et des Technologies des Eaux, a ajouté que 220 000 m³ d’eau sont perdus chaque année à cause de fuites sur le réseau de la SONEDE, soit 35% de la consommation nationale. Il a également signalé des niveaux de salinité élevés dans certaines régions, atteignant 3,5 g/L à Ouedhref (Gabes), bien au-delà des normes nationales de 1,5 à 2 g/L.
La conférence a été l’occasion d’annoncer la création prochaine d’un comité consultatif au sein de l’Observatoire Tunisien de l’Eau, suivant les recommandations de la 1ʳᵉ Rencontre nationale de l’eau organisée en avril 2024 à Hammamet. Cette instance devrait contribuer à mieux encadrer la gestion des ressources hydriques dans le pays.
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