Encore une semaine et le mois d’août s’éclipsera. Avec lui, sur la pointe des pieds, l’été commencera à tirer sa révérence.
Cet été m’a quasiment glissé entre les doigts et je ne l’ai pas vécu comme je l’aurais voulu, un peu comme si ma joie se fanait et que je ployais sous l’absurdité des pesanteurs qui dictent notre quotidien.
A la plage, j’ai amené quelques livres avec moi mais je n’ai pas pris de maillot de bain. Depuis quelques années, je suis réfractaire aux bonheurs simples de la mer.
Pour me réconcilier avec le bleu azur, j’ai même feuilleté le « Noces à Tipaza » de Camus dont les phrases intensément hédonistes n’ont jamais été égalées.
Ce récit me renvoie à tant de plages et de plongeons éblouissants. Enfant à Raoued, adolescent à Ez-Zahra, La Marsa et Cartthage, puis jeune adulte sur toutes les plages du littoral.
Je me souviens des plages de Chaffar et Sidi Mahrez, celles de Korba, Kélibia, Béni Khiar et Tazarka, celles d’El Haouaria, Korbous et Oued El Abid.
Je me souviens des plages de Djerba et de Kerkennah, en particulier à Sidi Mahrez et Bounouma. Je me souviens de la découverte tardive des plages de Zouara ou Rejiche.
Je me souviens aussi des plages de toute une vie : Bouficha, Bechateur, Metline, Cap Serrat, Cap Angela, Nabeul, Hammamet, Amilcar, Carthage Présidence, Chebba, Zarzis et ailleurs.
Il faudrait que je m’installe un jour d’été, au bord de l’eau pour écrire mes saisons bleues, raconter mon histoire du rivage et nager entre la jubilation des vagues et les leçons de l’histoire.
À Kélibia, entre plusieurs plages, mon cœur balance. Comme c’est Sidi Mansour que j’ai toujours préféré, il est probable que demain, je me lance dans une équipée impromptue.
Peut-être jusqu’à Tamazghat, Ezzahra, Hammam Ghezaz ou Kerkouane. Je me dope en relisant Camus et en rêvant de nouvelles noces marines à Kélibia.