La Tunisie fait face à une augmentation alarmante des addictions, notamment chez les jeunes. Selon les observations récentes, la tranche d’âge la plus touchée se situe entre 12 et 35 ans, et les substances les plus consommées sont le cannabis, l’ecstasy et la cocaïne. L’âge moyen de début du tabagisme est tombé à 10 ans, tandis que l’alcool et certaines substances psychotropes connaissent également une progression notable.
Le Centre Amal de Djebel Oust : un point de référence
Le Centre Amal d’éducation, de prévention et de traitement des addictions, situé à Djebel Oust (Zaghouan), constitue le principal centre public de désintoxication en Tunisie. Réouvert en juin 2019 après huit ans de fermeture, il accueille environ 1 300 patients par an et propose une approche combinant soins médicaux, suivi psychologique et programmes de réinsertion sociale.
Il est important de distinguer ces centres de désintoxication des services hospitaliers en psychiatrie : les premiers offrent des programmes résidentiels spécialisés, tandis que les seconds apportent un suivi médical et psychologique intégré au système hospitalier.
Nouvelles ouvertures : Sfax et Monastir
Lors de son intervention sur Mosaique FM le 15 août 2025, le Dr Nabil Ben Salah, responsable du dossier de l’addiction au ministère de la Santé, a annoncé l’ouverture de deux nouveaux centres de désintoxication :
- Sfax : un centre en centre-ville, déjà opérationnel.
- Monastir : un centre qui ouvrira prochainement.
Ces structures combinent traitement médical, soutien psychologique et formation professionnelle, en collaboration avec les centres de formation professionnelle, afin de préparer les patients à une réinsertion sociale durable.
Dr Ben Salah a également révélé que des projets sont en cours pour ouvrir de nouveaux centres dans le Sahel, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, inspirés du modèle du Centre Amal. L’objectif est de multiplier le nombre de structures spécialisées pour répondre à la demande croissante et réduire les effets de l’addiction sur la société.
Analyse : une approche globale et urgente
Le renforcement du réseau de désintoxication s’accompagne d’une stratégie préventive. La prévention passe par le rôle crucial des familles et des écoles, notamment pour détecter précocement les signes d’addiction chez les adolescents : baisse des résultats scolaires, changements de comportement, et exposition aux substances.
En parallèle, l’accent est mis sur l’approche globale : combiner soins médicaux, soutien psychologique et programmes de réinsertion pour réduire les rechutes et accompagner les patients vers une vie normale.
En complément des centres de désintoxication, plusieurs cliniques et services hospitaliers en Tunisie offrent des premiers soins et un accompagnement initial aux personnes souffrant d’addictions. Parmi eux, le Service de psychiatrie de l’Hôpital Razi à La Manouba, ainsi que les services hospitalo-universitaires de psychiatrie de Tunis, Sousse, Mahdia, Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa, assurent une prise en charge médicale et psychologique immédiate. Ces structures permettent d’évaluer l’état du patient, de stabiliser les symptômes liés à l’addiction et de préparer son orientation vers un centre de désintoxication adapté, comme le Centre Amal à Djebel Oust ou les nouveaux centres de Sfax et Monastir.
Les centres privés : une alternative spécialisée pour le traitement des addictions
En complément des structures publiques, plusieurs centres privés en Tunisie offrent des programmes spécialisés dans le traitement des addictions, alliant confidentialité, confort et approches thérapeutiques personnalisées.
Parmi les plus reconnus figurent Villa Paradiso Tunisia, proposant des programmes résidentiels incluant désintoxication, thérapies comportementales et suivi post-cure ; Medespoir, offrant une prise en charge médicale et psychologique complète ; et la Clinique Les Oliviers à Sousse, disposant d’un centre de rééducation fonctionnelle pour les patients en sevrage. Ces centres complètent le dispositif public en proposant des programmes sur mesure, adaptés aux profils des patients, et en facilitant l’accès rapide aux soins pour ceux qui en ont besoin. Ils constituent ainsi un maillon essentiel du réseau national de lutte contre l’addiction, aux côtés des centres publics et hospitaliers.
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