À seulement 20 ans, Ahmed Jaouadi est devenu une icône de la natation tunisienne. Double champion du monde, détenteur de records africains et finaliste olympique, il incarne une nouvelle génération de sportifs rigoureux, ambitieux et résolument tournés vers l’excellence. Mais derrière les médailles, quels sont les véritables ingrédients de sa réussite ? Éléments de réponse.
Le chemin vers la gloire n’a pas été improvisé. Formé dans les bassins de l’Avenir Sportif de La Marsa, Ahmed Jaouadi s’est rapidement fait remarquer par ses performances dans les compétitions locales, puis nationales. En 2021, il s’illustre aux championnats arabes à Abou Dabi et confirme l’année suivante avec cinq médailles lors des Championnats d’Afrique à Tunis, dont deux en or. Ce premier couronnement continental n’est pourtant qu’un prélude à ce qui allait suivre.
Dès 2022, le jeune nageur franchit une nouvelle étape en s’installant à Grenoble, en France, où il poursuit ses études tout en s’entraînant dans des structures plus compétitives. Mais c’est à Martigues, dans le sud de la France, qu’il trouve un tournant décisif en intégrant le prestigieux groupe dirigé par Philippe Lucas, l’un des entraîneurs les plus redoutés — et respectés — de la natation mondiale.
Sous la houlette de Lucas, Jaouadi change de dimension. Il passe d’un volume d’entraînement de 40 kilomètres par semaine à plus de 85 kilomètres hebdomadaires. Un doublement du travail, synonyme de rigueur extrême, de sacrifice quotidien et de dépassement permanent.
Dans la logique des plus grands champions
C’est ce qu’il a confié dans une interview à l’agence TAP, soulignant que ce changement d’intensité avait été un des principaux déclencheurs de ses performances récentes. Deux séances quotidiennes, six jours sur sept, entre endurance, travail technique, lactique et récupération encadrée : Jaouadi nage désormais dans la même logique que les plus grands champions.
Les résultats ne se sont pas fait attendre. En décembre 2024, il devient champion du monde en petit bassin à Budapest sur 1500 mètres nage libre, avant de décrocher le bronze sur 800 mètres avec un nouveau record d’Afrique. Quelques mois plus tard, lors des Championnats du monde de Singapour, il écrit une page d’histoire en remportant deux médailles d’or sur 800 et 1500 mètres. Sur le 800, il réalise un temps exceptionnel de 7:36.88, soit la troisième meilleure performance de tous les temps.
Pourtant, malgré les lauriers, Ahmed Jaouadi garde la tête froide. Il refuse les paillettes, reste discret sur les réseaux sociaux, et répète que son objectif reste clair : briller aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. Son parcours impressionne d’autant plus qu’il est porté par une volonté constante de progresser, un esprit de compétition maîtrisé, et une humilité rare dans le sport de haut niveau.
Aujourd’hui, il représente bien plus qu’un espoir pour la natation tunisienne : il en est le visage. Dans un pays souvent à la recherche de modèles positifs, Jaouadi incarne une réussite bâtie sur l’effort, l’intelligence du travail, la résilience et la vision. Un exemple pour toute une génération.
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