La nouvelle salve tarifaire décrétée par Washington alimente tensions diplomatiques, incertitudes économiques et reconfigurations géostratégiques. Si certains pays y voient une opportunité, d’autres redoutent un choc durable sur leur compétitivité.
Un 1er août sous tension
Les tarifs douaniers annoncés par Donald Trump sont entrés en vigueur ce 1er août, bouleversant une nouvelle fois l’échiquier du commerce mondial. Symboles d’un protectionnisme assumé, ces mesures visent plusieurs partenaires, sans distinction de taille ni d’alignement stratégique.
Marchés asiatiques en repli
Les Bourses asiatiques ont réagi avec nervosité. Le KOSPI sud-coréen a plongé de 3,9 %, le Hang Seng de Hong Kong a cédé 1 %, tandis que le Nikkei 225 reculait de 0,7 %. Ces replis reflètent une crainte partagée : celle d’une guerre commerciale durable, érodant la confiance des investisseurs.
Une facture encore floue pour les consommateurs américains
Qui paiera le prix ? Selon William Lee (Milken Institute), le coût pourrait être assumé par l’importateur américain, l’exportateur étranger ou le consommateur final. D’autres économistes, à l’instar de Caroline Freund (UC San Diego), estiment qu’une hausse des prix est inévitable. Les entreprises n’ayant que peu de marge pour absorber de tels chocs.
Des pays gagnants, d’autres lésés
La réponse des capitales a été à la mesure de l’impact sur leurs économies :
- Bangladesh : victoire diplomatique. Le taux passe de 41 % à 20 %, préservant la compétitivité du textile (85 % des exportations).
- Pakistan : taux ramené à 19 %, le plus bas d’Asie du Sud.
- Australie : satisfecit officiel pour un taux de 10 %, fruit d’une « relation de confiance ».
- Nouvelle-Zélande : juge « injustifié » un tarif de 15 %.
- Suisse : exprime son « grand regret » face à une hausse à 39 %, pénalisant ses secteurs-clés : pharma, montres, métaux précieux.
- Canada : « déception » sur les 35 % appliqués aux secteurs hors ALÉNA (automobile, aluminium, bois).
- Tunisie : un taux fixé à 25 %, contre 28 % initialement, mais qui reste élevé. Les exportations tunisiennes de textile, d’huile d’olive et de dattes risquent d’en pâtir, notamment face à des pays asiatiques mieux lotis.
Un choc global, durable ?
Ces tarifs s’accompagnent d’une complexification administrative pour les entreprises, note Caroline Freund, et d’une incertitude délétère pour les investissements. La croissance mondiale pourrait s’en ressentir, freinée par l’attentisme des acteurs économiques.
Chine–États-Unis : le cœur du bras de fer
Le volet le plus stratégique demeure le conflit sino-américain. Aucun accord n’est encore intervenu, et la perspective d’une escalade tarifaire reste ouverte. Une instabilité lourde de conséquences pour l’architecture commerciale mondiale.
À noter : la mise en œuvre des nouveaux tarifs est reportée au 7 août, pour raisons logistiques. Par ailleurs, plusieurs recours juridiques sont lancés, notamment par l’État d’Oregon, contestant le recours aux pouvoirs d’urgence présidentiels sans feu vert du Congrès.
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