Depuis plusieurs semaines, les jeunes médecins tunisiens étaient en colère. Face à la surcharge dans les services, aux conditions de travail dégradées, au retard des affectations et à la précarité de leur statut, ils ont multiplié les appels au dialogue, parfois dans l’indifférence des institutions concernées. La grogne a fini par s’amplifier, avec manifestations, grèves et une couverture médiatique croissante.
Il aura pourtant fallu, comme bien souvent, une intervention du président de la République pour que le dossier connaisse une avancée décisive. Après une réunion au Palais de Carthage avec le ministre de la Santé, le chef de l’État Kais Saied a exprimé sa compréhension envers les revendications légitimes des jeunes praticiens, dans une approche de renforcement du secteur de la santé.
Dans la foulée, le ministère concerné s’est empressé d’annoncer une réunion urgente avec l’organisation des jeunes médecins en présence des représentants de l’ordre des médecins. Une décision qui a conduit à la suspension, ce jeudi 3 juillet 2025, de la grève annoncée.
Une issue positive donc, mais qui interroge sur le fonctionnement de l’État. Faut-il désormais attendre une validation présidentielle pour chaque conflit sectoriel ?
Les jeunes médecins, eux, accueillent favorablement les engagements obtenus, mais restent vigilants. Car les promesses, dans le secteur de la santé comme ailleurs, ont souvent été faites sans lendemain.
Plusieurs d’entre eux rappellent que la crise n’est pas uniquement matérielle : elle est aussi morale. C’est un sentiment d’abandon, d’injustice, et d’absence de perspectives qui habite une grande partie de cette génération en blouse blanche.