En ces temps de doutes économiques, la Tunisie envoie un message qui mérite d’être entendu : malgré les tempêtes, elle reste une terre d’accueil pour l’investissement étranger. Une performance qu’on aurait pu juger improbable il y a encore quelques mois, mais que les chiffres confirment avec force : en 2024, les investissements directs étrangers (IDE) ont bondi de 26% par rapport à l’année précédente. Un sursaut salutaire, mais fragile.
À l’occasion du 30e anniversaire de la FIPA, l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur, le ministre de l’Économie Samir Abdelhafidh a tenu à souligner que cette embellie n’était pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’un tissu économique résilient, porté par plus de 4000 entreprises étrangères, qui assurent 55% de nos exportations et emploient quelque 450.000 Tunisiens. Ce sont là des données qui devraient peser dans les choix politiques à venir.
Mais il ne suffit pas de se féliciter d’un bon chiffre. Encore faut-il garantir qu’il se reproduise, qu’il se transforme, qu’il se diffuse dans les régions, dans les secteurs stratégiques, dans l’avenir. Car l’attractivité ne se décrète pas – elle se construit, patiemment, avec des institutions solides, une administration efficace, une stabilité juridique et une vision.
Le gouvernement semble en avoir pris conscience. La mutation de la FIPA, passée d’une agence de promotion à un acteur d’accompagnement, est un pas dans la bonne direction. L’ouverture à des secteurs innovants – transition énergétique, relocalisation industrielle, numérique, IA – est un signal fort. Mais encore faut-il que la stratégie se traduise sur le terrain. Les réformes promises, comme la rationalisation des structures d’investissement, ne peuvent plus attendre.
Car la Tunisie n’est pas seule sur le marché des investisseurs. Elle est en concurrence avec ses voisins, avec des économies émergentes agiles, avec des territoires où l’administration ne fait pas fuir les projets, mais les accompagne.
Ce regain d’intérêt pour notre pays est une chance. À nous de ne pas la gaspiller. À nous de transformer cette confiance encore fragile en véritable ancrage économique. L’avenir ne dépend pas uniquement de ceux qui investissent, mais aussi de ceux qui savent les retenir.