Parmi les innombrables tragédies que connaît la bande de Gaza, l’histoire de la docteure Alaa Al-Najjar se dresse comme un symbole du chagrin mêlé à une résilience bouleversante.
Le 23 mai 2025, une frappe aérienne israélienne a détruit sa maison à Khan Younès, tuant neuf de ses enfants. Son mari, le docteur Hamdi Al-Najjar, gravement blessé lors de l’attaque, est décédé le 1er juin après plusieurs jours passés en soins intensifs. Malgré cette perte indicible, Alaa est retournée à l’hôpital, reprenant son travail auprès des enfants blessés, dans un acte de courage presque irréel.
Un instant, une vie brisée
Ce matin-là, les docteurs Alaa et Hamdi Al-Najjar avaient quitté leur domicile tôt pour rejoindre leurs postes à l’hôpital Nasser de Khan Younès. Quelques minutes plus tard, leur maison fut frappée par une bombe. Les neuf enfants, âgés de quelques mois à douze ans, ont été tués sur le coup. Hamdi, revenu précipitamment sur les lieux, a été grièvement blessé et hospitalisé. Il est décédé le 1er juin, laissant Alaa seule, brisée mais debout.
Le deuil comme moteur
Face à cette tragédie, la docteure Alaa aurait pu s’effondrer. Mais au lieu de cela, elle a choisi de se relever et de retourner dans les couloirs de l’hôpital, là où les cris des enfants blessés résonnent encore plus fort que ceux de son propre cœur. Une infirmière témoigne : « Elle n’a pas versé une larme devant nous. Dans son silence, il y avait une puissance déchirante. Elle a pansé les plaies des autres alors qu’elle venait de perdre tout ce qui comptait. »
Sa force n’est pas seulement humaine : elle s’inscrit dans cette foi profonde qui enseigne que toute épreuve est un test, et que la patience est une lumière. Le Coran nous rappelle :
« Et fais bonne annonce aux endurants, qui disent, quand un malheur les atteint : ‘Certes, nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons.’ »
﴿وَبَشِّرِ ٱلصَّـٰبِرِينَ ٱلَّذِينَ إِذَآ أَصَـٰبَتْهُم مُّصِيبَةٌ قَالُوٓا۟ إِنَّا لِلَّهِ وَإِنَّآ إِلَيْهِ رَٰجِعُونَ﴾
(Sourate Al-Baqara, 2:155-156)
Alaa incarne cette patience exemplaire, non pas comme une absence de douleur, mais comme une foi active qui transforme la souffrance en acte de service et de vie.
Le deuil d’un peuple
L’histoire d’Alaa est loin d’être isolée. À Gaza, chaque famille porte une croix, chaque mère une absence. Ce peuple, pris entre les ruines et les rêves avortés, trouve pourtant encore la force de continuer, de reconstruire, d’espérer. Le deuil y est quotidien, mais jamais ordinaire. Il est empreint d’une dignité farouche, d’un amour inconditionnel pour la vie malgré tout.
Quand la douleur devient témoignage
Le geste d’Alaa, tenant dans ses bras les linceuls de ses propres enfants, est devenu une image puissante de cette guerre. Ce n’est pas seulement une mère en deuil, mais un cri silencieux adressé au monde. Un appel à regarder, à entendre, à agir.
Une lumière dans les ténèbres
Le nom d’Alaa Al-Najjar brillera à jamais comme celui d’une femme qui, plongée dans l’abîme de la perte, a choisi de se relever par foi. Elle a affronté l’épreuve avec une patience digne des plus pieux, confiant son cœur au Très-Haut. Son geste, loin d’être humainement compréhensible, relève de cette force spirituelle que seule la certitude de l’au-delà peut insuffler. En elle, résonne la parole divine :
« Ne pense pas que ceux qui sont tués dans le sentier d’Allah soient morts. Au contraire, ils sont vivants, mais vous en êtes inconscients. »
﴿وَلَا تَحْسَبَنَّ الَّذِينَ قُتِلُوا فِي سَبِيلِ اللَّهِ أَمْوَاتًا ۚ بَلْ أَحْيَاءٌ وَلَٰكِن لَّا تَشْعُرُونَ﴾
(Sourate Âl-Imrân, 3:169)
Sa foi éclaire les ténèbres, et son histoire devient un rappel pour l’humanité tout entière : même dans l’horreur, la lumière de la foi peut guider les pas des croyants vers la patience, la résilience et l’espoir.
Ce témoignage est dédié à toutes les mères de Gaza. Puisse leur douleur être entendue et leur résilience respectée.