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Accueil Culture

Cannes 2025 – Aisha Can’t Fly Away, autopsie d’une servitude

par Neïla DRISS
mardi 20 mai 2025 17:24
dans Culture
Cannes 2025 – Aisha Can’t Fly Away, autopsie d’une servitude
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En compétition dans la section Un Certain Regard de la 78ème édition du Festival de Cannes, Aisha Can’t Fly Away marque l’entrée très attendue du réalisateur égyptien Morad Mostafa dans le long métrage. Si son nom n’est pas inconnu à Cannes – plusieurs de ses courts métrages y ont circulé, notamment What We Don’t Know About Mariam (2021) ou encore I Promise You Paradise présenté à la Semaine de la Critique en 2023, où il a remporté le Rail d’Or  – c’est la première fois que Mostafa est sélectionné dans l’une des sections officielles du festival, avec un film qui confirme l’univers âpre et socialement engagé qu’il explore depuis ses débuts.

La première du film a eu lieu aujourd’hui. Sur scène, Morad Mostafa a tenu à remercier ses producteurs, son équipe, ses parents, ainsi que le cinéma égyptien, qu’il considère comme la matrice de son parcours. « C’est grâce au cinéma égyptien que je suis devenu réalisateur », a-t-il déclaré avec émotion. « Je suis fier de représenter l’Égypte avec mon film » a-t-il ajouté. Depuis la sélection du film Clash en 2016, aucun film égyptien n’avait fait partie de la sélection officielle.

 

 

Dans Aisha Can’t Fly Away, la caméra suit le parcours d’une jeune soudanaise, installée au Caire. Aisha, interprétée avec une grande sobriété par Buliana Simona, travaille dans une sorte d’agence de placement d’aides-soignantes et ménagères. Elle intervient chez des particuliers, souvent seuls et malades, où elle effectue des tâches ingrates : ménage, soins, assistance quotidienne. Ses journées sont répétitives, épuisantes, rythmées par de longs trajets en minibus et en métro. Le soir venu, elle regagne le quartier délabré où elle habite, dominé par un gang de voyous qui impose sa loi entre violence, trafic de drogue et racket. Le chef du gang lui offre un toit, mais à une condition : qu’elle l’aide au cambriolage des appartements où elle travaille. Aisha tente de résister, mais finit par céder, faute d’alternative.

Le film dresse un portrait sans fard de la précarité des femmes migrantes dans les grandes villes, victimes d’une exploitation silencieuse et d’une violence banalisée. La trajectoire de Aisha, prise dans l’engrenage d’un système oppressif, rappelle celle de l’héroïne de Plumes, le film égyptien d’Omar El Zohairy présenté à Cannes en 2021. Même univers d’aliénation et de misère : un environnement sale, vétuste, bruyant, sans échappatoire, et présence d’un volatile.

Une autruche apparaît dès les premières scènes. Elle rôde dans les lieux que fréquente Aisha : devant chez elle, chez le vieil homme malade dont elle s’occupe, au restaurant où travaille son ami. L’oiseau revient, silencieux, insistant, comme un double, un présage. Peu à peu, Aisha se transforme. Une étrange éruption cutanée apparaît sur son ventre, puis s’étend. Elle ne semble pas souffrir, mais son corps change, comme s’il absorbait, sous la peau, toute la violence accumulée. Et l’autruche, cet oiseau incapable de voler, devient l’allégorie parfaite d’Aisha : clouée au sol, incapable de s’élever, prisonnière d’un monde où chaque tentative d’émancipation est réprimée.

Tout, dans le film, renforce cette sensation d’étouffement : les couleurs ternes des vêtements de l’héroïne – gris, noir, brun –, l’insalubrité des lieux, la monotonie des repas (toujours les mêmes spaghettis à la sauce tomate), les gestes répétitifs. Aisha ne rit qu’une seule fois, lors d’une visite chez des amies où elle mange enfin un autre plat. Ce moment fugace contraste violemment avec le reste du récit. Même ses rares moments de réconfort – les repas offerts par son ami restaurateur, lui-même exploité – semblent englués dans la fatalité.

 

 

La scène la plus glaçante du film survient lorsque Aisha, harcelée par un client, demande à son patron de la retirer de la mission. Ce dernier refuse, banalise l’agression, et l’oblige à continuer. Aisha finit par céder à l’homme, contrainte de lui faire une fellation. À partir de là, la métamorphose s’accélère. Le corps de Aisha devient le terrain d’une mutation inexorable, métaphore d’une soumission qui s’inscrit dans la chair.

Certains spectateurs ont néanmoins reproché au film ses scènes les plus crues, notamment une séquence où Aisha, dans un moment de bascule, se transforme en cannibale et dévore littéralement son patron. Cette scène, violente et frontale, a suscité des réactions vives : plusieurs personnes avaient d’ailleurs quitté la salle à ce moment-là. Mais sincèrement, pourquoi pas ? À travers ces excès de violence, il est possible que le réalisateur ait voulu exprimer à quel point la situation d’Aisha est horrible, à quel point elle souffre, à quel point elle enrage et a parfois des envies de revanche. Ce recours à l’extrême n’est sans doute pas gratuit : il traduit une souffrance insoutenable, devenue monstrueuse, qui ne peut plus être contenue.

On pourrait également reprocher à Aisha Can’t Fly Away une certaine lenteur, voire quelques longueurs. Certaines scènes répétitives auraient gagné à être resserrées. Mais cette durée un peu excessive participe peut-être aussi à l’effet d’enfermement que le film cherche à transmettre : le temps, pour Aisha, ne semble jamais passer, et sa vie s’étire comme une prison sans fin. Ce léger excès de durée n’entame pas la force du film, mais aurait mérité d’être réajusté pour en renforcer encore l’impact.

Ce premier long métrage de Morad Mostafa, aussi éprouvant que maîtrisé, impressionne par la précision de sa mise en scène, la rigueur de son propos, la direction d’actrice sobre. L’approche quasi-documentaire du Caire et de ses quartiers pauvres ne souffre d’aucune exagération : la ville est filmée telle qu’elle est, crue, sans filtre. Et pourtant, le réalisme cède peu à peu la place à un onirisme discret, inquiétant, où le corps de Aisha devient la scène même du récit. Le film s’inscrit ainsi dans une lignée de récits de transformation où l’imaginaire sert à dire l’indicible, en assumant parfois une radicalité formelle, mais toujours au service du propos.

Avec Aisha Can’t Fly Away, Morad Mostafa signe un premier long métrage poignant, qui prolonge son travail sur les invisibles, les marginalisés, les opprimés. Dans ce conte social teinté de fantastique, il donne une voix – et un corps – à celles qu’on refuse de voir. Et même si Aisha ne peut pas voler, elle nous entraîne avec elle dans sa chute, lente, silencieuse, bouleversante.

Il est à noter que Aisha can’t fly away est coproduit par les tunisiennes Dorra Bouchouche et Lina Chaabane.

Neïla Driss

 
 

Tags: cannesCannes 2025CinémaCinéma égyptienFestivalFestival de CannesFilm
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