Dans son rapport annuel présenté samedi 3 mai 2025 à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a recensé 167 agressions contre des journalistes, photographes et correspondants, entre avril 2024 et avril 2025.
Bien que ce chiffre soit en baisse par rapport aux années précédentes (211 en 2024, 252 en 2023, 204 en 2022), le syndicat dénonce une détérioration continue de l’environnement médiatique, marquée par l’intimidation, la censure, les poursuites judiciaires et les entraves à l’accès à l’information, rapporte l’agence TAP.
Le SNJT souligne notamment l’incarcération de plusieurs journalistes pour leurs opinions, dont Chadha Hadj Mbarek, Sonia Dahmani, Borhen Bsaies et Mourad Zeghidi. Au total, dix peines de prison ont été prononcées cette année, dont six exécutées, une reportée et trois en cours d’appel.
Le rapport met en lumière des restrictions systématiques à l’accès à l’information, la multiplication des autorisations exigées et des pratiques administratives qui entravent le travail journalistique. Ce contexte s’accompagne d’une incitation persistante contre les journalistes dans l’espace numérique, contribuant à une atmosphère d’insécurité et à la prolifération des fausses informations au profit de la seule version officielle.
Le syndicat déplore également l’absence de la HAICA, l’instance de régulation de l’audiovisuel, qui a entraîné une dégradation du contenu médiatique et un accroissement des poursuites judiciaires. Il alerte sur le maintien du décret-loi n° 2022-54, qualifié d’outil de répression de la liberté d’expression, et dont la proposition d’amendement est restée lettre morte.
Le SNJT interpelle les autorités sur la marginalisation de la profession, rappelant que la garantie des droits économiques et sociaux des journalistes est essentielle pour une presse libre, crédible et pluraliste. Il appelle la présidence de la République à initier de nouvelles lois en faveur de la liberté de la presse, à garantir un accès équitable à l’information et à inclure tous les médias dans les événements nationaux et internationaux.
Il insiste aussi sur l’importance de l’ouverture du Parlement aux journalistes, sans exclusion, et propose une approche participative dans l’élaboration des lois touchant à la liberté d’expression.
Enfin, le syndicat appelle la présidence du gouvernement à mettre en place un mécanisme national, permanent et indépendant de surveillance des atteintes à la liberté de la presse, à revoir sa stratégie de communication en assurant l’égalité d’accès des médias, et à suspendre les circulaires internes qui restreignent illégalement la circulation de l’information.