L’Algérie exercerait des pressions politiques et diplomatiques sur la Tunisie afin qu’elle accepte d’héberger des membres du Front Polisario sur son territoire. C’est ce qu’avancent plusieurs sources concordantes, relayées par des médias marocains, dans un contexte où Washington envisagerait de classer le mouvement sahraoui comme organisation terroriste.
Selon Rue20 (13 avril 2025), cette initiative viserait à déplacer discrètement la présence logistique du Polisario – actuellement cantonnée dans les camps de Tindouf – vers la Tunisie. Ce repositionnement permettrait à Alger de prendre ses distances formelles vis-à-vis du mouvement, tout en conservant une influence indirecte.
Bladi.net (15 avril 2025) évoque quant à lui un projet de forum international à Tunis sur les « peuples opprimés », dont la participation du Polisario serait pilotée en sous-main par Alger, avec un appui financier. Ce format servirait à légitimer leur présence sur le sol tunisien dans un cadre présenté comme humanitaire ou intellectuel.
Aldar.ma (3 avril 2025) rapporte que des tentatives tunisiennes pour renouer avec Rabat se heurteraient à des manœuvres algériennes actives. Celles-ci viseraient à verrouiller la position de Tunis sur le dossier saharien, en l’alignant sur celle d’Alger.
Ce jeu d’influence se déploie alors que la Tunisie traverse une période de vulnérabilité. Acculée par des crises économiques et sociales persistantes, elle dépend en partie de l’assistance énergétique et sécuritaire de son voisin algérien. Certains diplomates tunisiens craignent que cette dépendance n’ouvre la voie à des concessions de nature géostratégique.
A noter que plusieurs médias algériens rapportent qu’Alger aurait déjà utilisé la pression gazière et la fermeture des frontières comme leviers d’influence, notamment en période de tension avec Carthage.
Mais cette fois, l’enjeu dépasse les logiques bilatérales. Un accueil officiel, ou même toléré, de membres du Polisario pourrait placer Tunis dans le viseur de Washington, qui a durci sa politique vis-à-vis des mouvements paramilitaires opérant dans la région MENA.
Reste à savoir jusqu’où Tunis acceptera d’aller pour ménager Alger sans compromettre ses équilibres diplomatiques. Entre solidarité régionale, souveraineté nationale et pression internationale, la marge de manœuvre se rétrécit.