Le sénateur républicain Marco Rubio a annoncé, lundi 15 avril, l’annulation de 139 subventions d’aide étrangère totalisant 215 millions de dollars, dans le cadre d’une vaste campagne de révision des dépenses du Département d’État. Parmi les projets supprimés figure une initiative féministe en Tunisie, dotée d’un financement de 740 000 dollars.
Selon un communiqué publié sur son compte X, Rubio dénonce des dépenses jugées “superflues” ou “idéologiques”, visant notamment les médias, les droits civiques et les projets de genre à l’étranger. Outre la Tunisie, sont concernées des initiatives en Bulgarie, au Royaume-Uni, au Brésil, au Liban, en Mauritanie, en Ouzbékistan et en Moldavie.
En Tunisie, le projet supprimé visait à promouvoir la liberté d’expression à travers une approche féministe. Cette décision survient alors que l’appui américain à la transition démocratique tunisienne est en net recul. Depuis 2011, la Tunisie a pourtant bénéficié de plus de 350 millions de dollars de la part de l’USAID pour soutenir ses réformes économiques et institutionnelles.
Mais la tendance est à la contraction. Déjà en 2024, l’administration Biden avait annoncé des réductions budgétaires drastiques. Un document obtenu par le *Washington Post* évoque une baisse de près de 50 % du budget du Département d’État pour l’exercice 2025. Le financement passerait de 55 à 28,4 milliards de dollars.
Cette rigueur budgétaire, amorcée sous l’ère Trump, continue de produire ses effets. En 2017, l’USAID avait suspendu temporairement ses activités, sous prétexte d’un audit de performance.
Face à cette imprévisibilité des financements américains, la Tunisie est désormais appelée à réévaluer sa dépendance structurelle à l’aide étrangère. Qu’il s’agisse de renforcer les partenariats Sud-Sud, de solliciter davantage l’Union européenne ou d’encourager la philanthropie locale et les financements participatifs, d’autres options existent. Il est temps pour la société civile et les institutions tunisiennes de diversifier leurs sources de soutien pour préserver leur autonomie et la continuité de leurs actions.