Dans un contexte de crise profonde du secteur de la santé, le président tunisien Kais Saied a appelé lundi à mettre en place des réformes majeures pour encourager le retour des médecins expatriés. Cette initiative intervient alors que le pays fait face à une dégradation des infrastructures hospitalières et un exode massif de ses compétences médicales.
Au cours d’une réunion au palais de Carthage avec le ministre de la Santé Mustapha Ferjani, le président a souligné l’urgence de finaliser plusieurs projets hospitaliers en attente. Malgré la disponibilité des fonds, ces projets, notamment dans les régions de Sebiba, Jelma, Nafta et Bouhajla, sont actuellement à l’arrêt.
Le chef de l’État a également mis en avant le potentiel de la télémédecine spécialisée comme solution pour améliorer l’accès aux soins dans les zones mal desservies.
Un fort potentiel de retour
Selon le ministre Ferjani, 78% des médecins tunisiens exerçant à l’étranger seraient prêts à revenir exercer dans leur pays si les conditions s’amélioraient. Ce chiffre encourageant contraste avec la situation actuelle : en 2024, plus de 1 300 médecins ont quitté la Tunisie, s’ajoutant aux quelque 4 000 départs enregistrés depuis 2020. Nizar Ladhari, secrétaire général de l’Ordre des médecins de Tunisie, précise que 80% de ces départs concernent de jeunes praticiens.
Face à cette situation, le président Saied insiste sur la nécessité d’établir un nouveau cadre juridique qui répondrait aux trois principales préoccupations des médecins expatriés : l’amélioration des conditions de travail, la revalorisation des rémunérations et la modernisation des infrastructures hospitalières.
Des mesures concrètes annoncées
Pour concrétiser ces objectifs, le ministre Ferjani a annoncé plusieurs réformes, notamment un plan de modernisation des équipements médicaux et l’introduction de nouvelles technologies. Le gouvernement prévoit également de créer 3 500 nouveaux postes d’ici 2025, complétant les 3 000 recrutements déjà effectués cette année.