Dans le grand théâtre du marché des viandes blanches, une pièce digne des plus grands dramaturges se joue actuellement. Après des mois où les prix semblaient danser une valse imprévisible comme les caprices de la météo à quinze jours, voilà qu’un rayon d’espoir perce les nuages économiques.
Fethi Gharbi, grand oracle de la Chambre nationale des abattoirs et de la transformation des viandes blanches, a lancé sur les ondes de Mosaïque FM une prophétie qui fait l’effet d’une bombe : d’ici la mi-septembre, le marché devrait non seulement retrouver son équilibre, mais aussi connaître un surplus digne d’un festin de Gargantua, avec 700 à 800 tonnes supplémentaires par mois. Une prévision qui, si elle se réalise, pourrait transformer le cauchemar actuel en un rêve doré pour consommateurs et producteurs.
Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Depuis juillet, la production de viandes blanches a plongé dans un gouffre plus profond que les abysses. Un cocktail explosif de facteurs s’est ligué contre le marché : canicule impitoyable, épidémies en Europe tarissant l’importation de poules reproductrices, retour en masse des Tunisiens de l’étranger affamés, et fuite des consommateurs vers le poulet face à l’inflation galopante des viandes rouges et des poissons. Sans oublier la horde de touristes venus dévorer nos stocks. Une tempête parfaite, en somme.
Face à ce chaos, les autorités ont sorti leur baguette magique. Les ministères du Commerce et de l’Agriculture, tel des alchimistes modernes, ont concocté un élixir d’urgence : l’importation massive d’œufs à couver. Plus de 500 000 œufs ont débarqué en août, et le flux ne devrait pas se tarir avant février 2025. Une potion qui, espérons-le, transformera notre disette en abondance.
Pourtant, la réalité économique reste aussi dure qu’un vieux coq. Les prix du poulet vivant flirtent avec des sommets vertigineux, entre 7700 et 7800 millimes le kilo, bien loin des 4500 millimes de coûts de production. Et que dire du marché parallèle, véritable far west où le kilo de poulet s’échange à 12 dinars et l’escalope à 22 dinars ? Pendant ce temps, le secteur officiel, corseté par le plafonnement des prix, voit ses bénéfices s’envoler.
Dans ce paysage économique plus instable qu’une girouette par grand vent, prédire l’évolution des prix et de l’approvisionnement relève de la divination. Comme ces bulletins météo qui annoncent de la pluie avant un vent de sirocco, les prévisions de Gharbi seront scrutées avec l’attention d’un augure romain.
Ainsi, producteurs et consommateurs, suspendus aux lèvres des experts, espèrent que cette fois-ci, la météo du marché des viandes blanches sera plus clémente. En attendant, chacun scrute le ciel économique, à la recherche du moindre signe annonciateur d’une embellie tant attendue.